Le scandale des moteurs truqués de Volkswagen a fait de nouvelles vagues jeudi, avec un appel de Bruxelles à des enquêtes en Europe et des plaintes en cascade en préparation aux Etats-Unis, tandis que le groupe s'apprêtait à nommer un nouveau patron.
La Commission européenne a demandé jeudi aux Etats membres de procéder aux "enquêtes nécessaires au niveau national" après les révélations sur la tricherie de Volkswagen aux tests antipollution.
Bruxelles invite tous les Etats membres à faire un compte-rendu de ces investigations, prônant "la tolérance zéro sur la fraude et une observation rigoureuse des règles de l'UE".
Des "tests aléatoires" vont ainsi être faits sur une centaine de voitures de toutes marques commercialisées en France pour s'assurer qu'elles respectent les normes antipollution, a annoncé la ministre française de l'Ecologie, Ségolène Royal.
La Grande-Bretagne a, elle, annoncé que tous les constructeurs automobiles devraient procéder à des vérifications, après "les actions inacceptables de Volkswagen".
Le groupe allemand a en effet implanté sur 11 millions de voitures dans le monde un logiciel qui aidait à fausser les résultats des tests antipollution, manipulation concernant aussi des véhicules commercialisés en Europe, selon le ministre allemand des Transports.
Aux Etats-Unis, point de départ du scandale, les autorités ont indiqué à l'AFP prendre "très au sérieux" les implications de ce scandale pour "la santé publique et la pollution de l'air".
Selon Washington, les émissions de gaz polluants ont pu être jusqu'à 40 fois supérieures aux normes autorisées.
Face au scandale, le patron de Volkswagen Martin Winterkorn a quitté ses fonctions mercredi, tout en affirmant n'avoir rien su.
Selon plusieurs organes de presse, son successeur sera Matthias Müller, 62 ans, actuel patron de Porsche. Cette nomination devrait être officialisée vendredi à l'issue d'une réunion du conseil de surveillance à Wolfsburg (nord), siège du groupe.
Interrogé par l'AFP, Volkswagen n'a fait aucun commentaire.
- 'Mal au coeur' -
Le nouveau chef devra gérer les conséquences commerciales et judiciaires de l'affaire.
Aux Etats-Unis, le constructeur fait déjà l'objet de nombreuses plaintes en nom collectif, et les cabinets d'avocats battent le rappel pour faire grossir les rangs des plaignants.
Les automobilistes américain en colère ne manquent pas. Interrogée par l'AFP à une station-service à Los Angeles, Marivi Badin, propriétaire d'une Golf diesel, raconte avoir acheté sa voiture "parce qu'elle était propre". "Et maintenant on découvre que tout cela était une farce, ça fait mal au coeur", dit-elle.
En Espagne, la presse évoquait 500.000 Seat équipées des moteurs VW truqués.
Outre la gestion de la crise, le nouveau numéro Un devra remettre à plat la stratégie d'un groupe énorme - 10 millions de voitures vendues en 2014, 202 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 590.000 de salariés - et géré jusqu'alors de manière très centralisée.
Sous les critiques, M. Winterkorn qui, en additionnant retraite et indemnités de départ, pourrait toucher jusqu'à 60 millions d'euros, prévoyait une grande réorganisation. Le chantier incombe désormais à son successeur.
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