Myriam El Khomri mesure l'ampleur de sa tâche: pour le baptême du feu de la nouvelle ministre du Travail, le chômage a atteint un nouveau record en août, 3,57 millions de demandeurs d'emploi en métropole.
"Ces chiffres ne sont pas satisfaisants", a immédiatement tweeté Mme El Khomri. "Derrière ces chiffres, il y a des hommes et des femmes, et c'est à eux que je pense ce soir."
Après une pause en juillet, 20.000 chômeurs supplémentaires (+0,6%) ont poussé la porte d'une agence Pôle emploi le mois dernier. Il s'agit de la plus forte hausse depuis avril.
L'augmentation est moins nette en incluant les demandeurs d'emploi exerçant une activité réduite: +0,2%, à 5,42 millions. L'indicateur atteint aussi des sommets en comptant l'outre-mer: 3,84 millions de chômeurs et 5,73 millions petite activité incluse.
Sur un an, le nombre de demandeurs d'emploi sans aucune activité a augmenté de 4,4% en France.
La ministre, arrivée rue de Grenelle début septembre, a appelé dans un communiqué à analyser ces mauvais chiffres "avec prudence". "Seule la tendance compte", a-t-elle fait valoir, soulignant que "la hausse d'août intervient après une baisse en juillet et une stabilisation en juin".
Elle a, en outre, noté "un point positif" du côté des chômeurs de moins de 25 ans, dont le nombre recule "pour le troisième mois consécutif". La baisse est toutefois minime en août, avec 700 jeunes demandeurs en moins (-0,1%), et la tendance reste mal orientée sur un an (+0,4%).
A l'autre bout de la pyramide des âges, la situation des seniors se dégrade fortement (+1,4% sur un mois, +9,4% sur un an).
Le chômage de longue durée continue, lui aussi, de faire tâche d'huile: 2,4 millions de demandeurs d'emploi, petite activité comprise, sont inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an (+0,5% sur un mois).
Pire, le chômage de très longue durée (plus de trois ans) explose: +18,6% sur un an.
- 'Boule de neige' -
La dégradation d'août n'a rien de surprenant. Au-delà de quelques bonnes surprises ponctuelles, pour l'heure, aucun organisme ne prévoit de recul du chômage si tôt.
Avant son départ du gouvernement, François Rebsamen croyait, conforté par l'OCDE et l'Unédic, que la baisse pouvait intervenir dès la fin 2015. Mais l'Insee, moins optimiste, table sur une légère hausse du taux de chômage à 10,1% (+0,1 point) d'ici à la fin de l'année.
Quant à Myriam El Khomri, contrairement à ses prédécesseurs, elle se refuse à toute prévision.
De son côté, le président François Hollande, qui promettait en début de mandat une "inversion de la courbe" en 2013, a repoussé l'échéance à 2016: sans "baisse crédible" du chômage l'année prochaine, le chef de l'Etat assure qu'il ne briguera pas de second mandat en 2017.
Depuis son élection, Pôle emploi a recensé près de 650.000 chômeurs supplémentaires.
Mais Mme El Khomri affichait récemment son optimiste, assurant que les outils du gouvernement finiraient par faire "boule de neige".
Pour l'heure, la boîte à outils du gouvernement - garantie jeunes, emplois d'avenir, contrats aidés, contrat de génération, formations prioritaires - n'a pas suffi à relancer l'emploi.
Pas plus que le Pacte de responsabilité, qui a, au mieux, limité les dégâts. Mais ce programme d'allègement du coût du travail doit encore monter en charge d'ici à 2017: il permettra, à terme, de redistribuer 40 milliards d'euros par an aux entreprises.
Un récent rapport sur le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), acte I du Pacte, ne se risque pas à évaluer son impact sur l'emploi. "Il est encore trop tôt", juge France Stratégie, organisme d'expertise placé auprès de Matignon.
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