La nouvelle ministre du Travail Myriam El Khomri va-t-elle vivre, comme son prédécesseur, son premier "grand moment de solitude" ? Pôle emploi publie jeudi en fin de journée le nombre des personnes inscrites sur ses listes à fin août, alors que le chômage tutoie toujours les sommets.
François Rebsamen l'a prévenue lors de la passation de pouvoir: "Tous les mois, il y a un rituel, un grand moment de solitude pour le ministre". Michel Sapin, lui, comparait dans son livre les chiffres mensuels à "la cadence du tambour des galères".
Pourtant, dès son baptême du feu, Mme El Khomri pourrait avoir l'occasion d'accomplir une première sous le mandat de François Hollande: un deuxième mois consécutif de baisse du chômage.
La situation s'est en effet améliorée très légèrement en juillet, avec 1.900 chômeurs de moins (-0,1%) que le mois précédent. Pôle emploi en comptabilisait 3,55 millions en métropole, et 5,72 millions en incluant les demandeurs d'emploi ultramarins et ceux exerçant une activité.
Ce n'était que la cinquième baisse mensuelle sous François Hollande et jamais, depuis mai 2012, le chômage n'a baissé deux mois d'affilée. Dans l'intervalle, près de 630.000 chômeurs supplémentaires ont franchi le seuil d'une agence Pôle emploi.
Et l'inversion de la courbe, tant promise en début de mandat, n'est pas encore d'actualité. M. Hollande fixe désormais l'échéance à 2016: sans "baisse crédible" du chômage, le président assure qu'il ne briguera pas de second mandat en 2017.
De son côté, M. Rebsamen croyait, avant de quitter le gouvernement pour Dijon, à une baisse dès la fin 2015. Une prévision confortée par les dernières perspectives de l'OCDE et de l'Unédic, qui gère l'assurance chômage.
- Le Pacte monte en charge -
L'Insee, moins optimiste, table sur une légère hausse du taux de chômage à 10,1% (+0,1 point) d'ici à la fin de l'année.
Quant à Myriam El Khomri, contrairement à ses prédécesseurs, elle se refuse à toute prédiction. Mais selon la benjamine du gouvernement, "les outils qui ont été mis en place sont des bons outils" qui auront un "effet boule de neige".
"Je ne suis pas une magicienne", prévient-elle.
Mais pour l'heure, la boîte à outils du gouvernement - garantie jeunes, emplois d'avenir, contrats aidés, contrat de génération, formations prioritaires - n'ont pas suffi à relancer l'emploi.
Pas plus que le Pacte de responsabilité, qui a, au mieux, limité les dégâts. Mais ce programme d'allègement du coût du travail doit encore monter en charge d'ici à 2017: il permettra, à terme, de redistribuer 40 milliards d'euros par an aux entreprises.
Un récent rapport sur le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), acte I du Pacte, ne se risque pas à évaluer son impact sur l'emploi. "Il est encore trop tôt", juge France Stratégie, organisme d'expertise placé auprès de Matignon.
Mais le gouvernement le sait. Pour que le chômage baisse, il faudra d'abord un retour de la croissance. Pour les économistes, une croissance de 1,5% minimum en moyenne annuelle est nécessaire.
L'exécutif prévoit de les atteindre en 2016.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.