Le pape François, accueilli dans la liesse aux Etats-Unis, a abordé mercredi des sujets qui fâchent en mettant en garde l'Eglise américaine sur les scandales de pédophilie et en canonisant un moine controversé, à la veille d'un discours historique au Congrès.
Le souverain pontife, qui foule pour la première fois de sa vie le sol des Etats-Unis, a aussi affiché sa proximité avec le président Barack Obama sur les grands défis mondiaux: guerres, crises migratoires et réchauffement climatique.
Dans un pays qui compte 82 millions de catholiques - un quart de sa population - le pape François a dénoncé devant les évêques américains les "crimes" de pédophilie qui ont secoué leur Eglise.
"Je sais combien est gravée en vous la blessure des dernières années et je vous ai accompagnés dans votre généreux engagement pour guérir les victimes () et pour continuer à oeuvrer afin que de tels crimes ne se répètent plus jamais", a-t-il lancé au cours d'une longue prière à la cathédrale St Matthew de Washington.
Le scandale des prêtres pédophiles avait éclaté dans les années 1980, discréditant l'Eglise américaine, les dédommagements des victimes ruinant plusieurs diocèses. Des milliers d'enfants et d'adolescents avaient été abusés sexuellement par des prêtres et des religieux.
Se déplaçant dans la capitale fédérale en papamobile, une Jeep surmontée d'un toit transparent, François est allé ensuite canoniser l'évangélisateur espagnol de la Californie à la fin du 18e siècle, Junipero Serra, au grand dam d'Indiens locaux: le moine franciscain est pour eux celui qui a contribué au dépérissement de leur culture.
Dans la gigantesque basilique de Washington, devant des milliers de fidèles, prêtres et religieux, le pape a célébré, en espagnol et dans une grande ferveur, sa première messe aux Etats-Unis, au cours de laquelle il a déclaré saint ce missionnaire espagnol mort en 1784.
- Défense des démunis et exilés -
Le souverain pontife argentin, le premier venu des Amériques, avait entamé sa visite historique à Washington par une réception dans les jardins de la Maison Blanche, sous les auspices de son locataire Barack Obama, devant 11.000 personnes massées sur les pelouses inondées de soleil.
Autorité morale mais aussi allié politique du président américain, le pape, Jorge Bergoglio, a d'entrée défendu les plus démunis et les exilés.
"Comme fils d'une famille d'immigrés, je suis heureux d'être un hôte en ce pays, qui a été en grande partie bâti par de semblables familles", a-t-il déclaré en anglais, dans une allusion à la controverse politique sur l'immigration hispanique aux Etats-Unis mais aussi aux réfugiés qui fuient vers l'Europe le Moyen-Orient ravagé par les conflits.
M. Obama a salué le "message d'espoir" porté par ce jésuite au ton singulier, "source d'inspiration pour tant de gens à travers le monde". Le président, qui est protestant mais qui admire François, a loué l'"humilité" et la "simplicité" de son hôte.
- Cuba et climat -
A moins de 500 jours de la fin de son second mandat, M. Obama compte sur l'appui du pape sur deux chantiers prioritaires: Cuba et le climat.
Evoquant le "soutien précieux" de François dans le rapprochement historique Washington-La Havane, le président a souligné qu'il était porteur d'une "meilleure vie pour le peuple cubain".
Sur la scène internationale, "nous vous remercions pour () votre appel aux nations à résister aux sirènes de la guerre et à résoudre les différends par la voie diplomatique", a lancé M. Obama qui a conclu en juillet un accord sans précédent avec l'Iran sur son programme nucléaire controversé.
Quant à la lutte contre le réchauffement climatique, François a insisté sur l'urgence d'un combat "qui ne peut être laissé à la génération future". Il a jugé "encourageantes" les initiatives de M. Obama.
Les deux hommes ont eu aussi un tête-à-tête dans le Bureau ovale, le second après celui du printemps 2014 au Vatican.
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