A peine conclu un accord laborieux sur la répartition des réfugiés, les dirigeants européens préparaient mercredi à Bruxelles un autre versant de leur réponse: le renforcement des frontières extérieures de l'UE et de l'aide humanitaire pour endiguer un flux sans précédent de migrants en Europe.
Du fait de guerres qui ne vont pas cesser de sitôt, "nous parlons de millions de réfugiés potentiels, pas de milliers", a averti le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, maître d'oeuvre du sommet européen réuni d'urgence à Bruxelles.
"La question que nous devons nous poser ce soir est +Comment retrouver le contrôle de nos frontières extérieures?+,", a-t-il insisté, exhortant les participants à prendre des "mesures urgentes" et "préparer un plan concret".
"On va y arriver, l'Europe a la force de trouver une solution raisonnable", a promis la chancelière allemande Angela Merkel en arrivant au sommet.
Les dirigeants européens devraient notamment s'engager à verser un milliard d'euros aux agences de l'ONU venant en aide aux réfugiés dans les pays voisins de la Syrie, selon un projet de déclaration finale du sommet, consulté par l'AFP.
Le manque de financements à conduit ces agences, et notamment le Programme alimentaire mondial (PAM), à réduire sensiblement leurs actions dans ces camps, conduisant de nombreux réfugiés à tenter de gagner l'Europe plutôt que d'y rester en attendant que la situation s'améliore dans leur pays d'origine.
"C'est en Turquie, en Jordanie, au Liban que les aides doivent être apportées aussi rapidement que possible, pour que les refugiés ne soient pas tentés de venir en Europe en risquant leur vie", a souligné le président français François Hollande à son arrivée.
Outre l'aide à apporter à ces pays, le sommet devrait également aboutir à des mesures pour renforcer durablement les frontières extérieures de l'UE.
- Garde-frontières -
La Commission européenne a proposé mercredi une feuille de route détaillée aux Etats membres sur ce point: elle souhaite notamment que des "hotspots", des centres d'accueil et d'enregistrement des migrants, soient opérationnels dans les prochains jours en Italie et en Grèce.
Il faut "assurer que ceux qui arrivent en Europe sont rapidement enregistrés, que leurs empreintes digitales sont prises, et qu'on puisse faire une sélection rapide entre ceux qui restent et ceux qui ne peuvent rester", a expliqué mercredi le vice-président de la Commission, Frans Timmermans.
Les Etats membres veulent tenter d'améliorer l'efficacité de leur "politique de retour", les expulsions d'immigrés économiques illégaux. A ce jour seulement 39% des personnes déboutées de leur demande d'asile sont effectivement expulsées.
Les négociations, notamment avec des pays africains, d'accords de réadmission pour qu'ils reprennent leurs ressortissants, vont être relancées.
Et la Commission a rappelé mercredi que son projet d'"un corps de garde-côtes et garde-frontières européens" serait sur la table d'ici la fin de l'année.
Au total, la Commission a d'ores et déjà demandé avant le sommet la mobilisation de 1,7 milliard d'euros pour faire face à la crise, s'ajoutant à des sommes déjà destinées à des mesures de ce type pour atteindre un total de 9,2 milliards d'euros.
"J'espère que le Conseil (des dirigeants européens) va soutenir les propositions de la Commission", a exhorté son président Jean-Claude Juncker.
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