Le Conseil d'Etat a ordonné mercredi à la municipalité FN de Mantes-la-Ville (Yvelines) d'ouvrir un local aux musulmans pour la fête de l'Aïd jeudi, alors que l'association cultuelle, en conflit avec le maire, avait été déboutée en première instance.
Dans son ordonnance consultée par l'AFP, le juge des référés du Conseil d'Etat, statuant en urgence, a estimé que "le refus de mettre à la disposition de l'association () une salle municipale afin de permettre d'accueillir la célébration de la fête de l'Aïd-el-Kebir porte une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés de réunion et de culte".
L?association des musulmans de Mantes-sud (AMMS) avait demandé à la commune gérée par le Front national, la seule d'Ile-de-France, de pouvoir disposer d'un local communal pour accueillir un rassemblement d'un millier de fidèles, jeudi, de 7H00 à 11H00.
A trois reprises, les 6 mai et 3 juin puis le 1er août, l'association représentative des musulmans avait sollicité la mise à disposition gracieuse ou la location du gymnase municipal Aimé-Bergeal, déjà utilisé dans le passé pour l'Aïd-el-Kebir, l'une des grandes fêtes de l'islam.
Mais face au silence du maire Cyril Nauth, considéré comme un rejet implicite par l'AMMS, cette dernière avait saisi le juge des référés du tribunal administratif de Versailles. Déboutée le 18 septembre de sa demande en référé-liberté (procédure d'urgence), l'association avait fait appel devant le Conseil d'Etat.
Si le juge des référés du conseil d'Etat a relevé que le gymnase était occupé de 8H30 à 17H00 jeudi par des collégiens, il a revanche constaté que la salle de spectacles Jacques-Brel, proposée par l'association lors de l'audience en appel, n'était retenue que de 9H00 à 16h30 pour une formation d'agents communaux.
Le juge a donc ordonné au maire de mettre à disposition la salle polyvalente mais de 7H00 à 9H00 seulement, l'association ayant fait valoir que ce créneau horaire même écourté "serait de nature à permettre le bon déroulement de cette cérémonie", selon l'ordonnance.
"Ma volonté est de préserver l'intérêt général. Dans la mesure où les deux locaux étaient déjà occupés par des activités scolaires et de formation, j'ai estimé qu'elles n'avaient pas à céder la place à un culte", a commenté le maire Cyril Nauth, joint par l'AFP. "Si les horaires (de la fête) ne sont pas respectés, on dressera un PV", a-t-il dit.
La décision du conseil d'Etat, plus haute juridiction administrative, constitue un nouvel épisode dans le bras-de-fer qui oppose l'association musulmane au maire FN depuis son arrivée en 2014.
Le 21 août, le tribunal administratif de Versailles a suspendu en référé la décision de l'édile d'installer le poste de police municipale sur l'emplacement d'une future mosquée. Ce projet validé par l'ancienne maire PS a été ardemment combattu par son successeur. La mairie a fait appel. Une audience est prévue le 5 octobre.
Samedi, le tribunal administratif de Toulon avait ordonné à la municipalité FN de Fréjus (Var) de laisser ouvrir la mosquée de la ville pour la fête de l'Aïd. La mairie n'avait pas donné l'autorisation d'ouvrir le bâtiment après la réalisation de travaux, malgré l'avis favorable de la commission de sécurité.
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