Les dirigeants européens se retrouvent mercredi en sommet extraordinaire à Bruxelles pour renforcer les contrôles aux frontières et mobiliser des fonds afin de répondre à la crise migratoire historique qui fracture l'UE, au lendemain d'un accord au forceps sur la répartition de 120.000 réfugiés.
Des milliers de personnes cherchant l'asile en Europe continuent d'arriver chaque jour aux frontières grecque, croate, hongroise et italienne de l'Union européenne, poursuivant ensuite leur route vers le Nord, et notamment l'Allemagne.
Ainsi, mardi, 5.000 personnes ont transité par l'Autriche, dont 2.500 par le poste-frontière austro-hongrois de Nickelsdorf entre minuit et 05H30 GMT. Le même jour, près de 9.000 personnes sont entrées en Croatie, un record pour une seule journée, selon le ministère de l'Intérieur.
Etalant leurs divisions, les 28 pays de l'UE ont accepté mardi soir à Bruxelles de se répartir 120.000 réfugiés irakiens, syriens et érythréens arrivés depuis fin août en Grèce et en Italie, par un vote à la majorité qualifiée.
La décision, très controversée, s'applique aussi aux quatre pays de l'Est --République tchèque, Hongrie, Slovaquie et Roumanie-- qui ont voté contre mais devront malgré tout recevoir plusieurs milliers de personnes.
A Bratislava, le Premier ministre slovaque Robert Fico, dont le pays devra accueillir 802 migrants, a fustigé le "diktat" de l'UE, disant préférer "transgresser les règles européennes" que d'accepter des quotas.
"L'avenir montrera à quel point ceci a été une erreur", s'est également insurgé le président tchèque, Milos Zeman Zeman, qui "espère" que la décision pourra être "révoquée" par les chefs d'Etat et de gouvernement, réunis en sommet à partir de 16H00 GMT à Bruxelles.
Ses espoirs risquent d'être déçus: le commissaire européen à l'Immigration, Dimitris Avramopoulos, a salué mercredi "une victoire pour l'UE". Pour François Hollande, "l'Europe a pris ses responsabilités" envers les réfugiés.
Après avoir parlé à la chancelière allemande Angela Merkel, Barack Obama a ouvertement soutenu la mesure, appelant chaque pays de l'UE à accueillir sa "juste part" de réfugiés.
- Endiguement -
Face à la pire crise migratoire sur le continent depuis 1945, les dirigeants européens veulent désormais laisser la polémique derrière eux pour mettre l'accent sur l'endiguement, au plus près du pays d'origine, des flux sans précédent de migrants frappant aux portes de l'Europe.
Ils devraient notamment dégager une aide financière plus importante pour les pays frontaliers de la Syrie (Turquie, Jordanie, Liban) qui hébergent près de quatre millions de réfugiés.
En aidant ces pays et les agences onusiennes qui y gèrent des camps de déplacés, les Européens espèrent fixer les réfugiés sur place.
"Nous devons aider nos voisins", a lancé le commissaire européen Johannes Hahn, qui propose notamment à la Turquie de consacrer jusqu'à un milliard d'euros d'aide déjà prévue à l'accueil des réfugiés et au contrôle des frontières, ainsi qu'à la lutte contre les passeurs.
Par ailleurs, les Européens veulent améliorer l'efficacité de leur "politique de retour", les expulsions d'immigrés économiques. A ce jour seulement 39% des personnes déboutées de leur demande d'asile sont effectivement expulsées.
La Commission doit ouvrir en Grèce et en Italie des "hotspots", des centres d'accueil pour migrants, "afin de s'assurer que ceux qui arrivent en Europe sont rapidement enregistrés, que leurs empreintes digitales sont prises, et qu'on puisse faire une sélection rapide entre ceux qui restent et ceux qui ne peuvent rester", a expliqué mercredi le vice-président de la Commission, Frans Timmermans.
Les négociations, notamment avec des pays africains, d'accords de réadmission pour qu'ils reprennent leurs ressortissants, vont également être relancées.
-'Crédibilité'-
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