Barack Obama accueille mercredi pour la première fois à la Maison Blanche le pape François, autorité morale mais aussi allié politique de taille pour le 44e président des Etats-Unis.
M. Obama, qui ne cache pas son admiration pour Jorge Bergoglio, dont il a loué la clairvoyance et l'humilité, compte sur son appui pour deux chantiers-clés à moins de 500 jours de la fin de son mandat: le rapprochement avec Cuba et la lutte contre le changement climatique.
La capitale fédérale américaine --happée depuis des mois déjà par les joutes politiques de la présidentielle 2016-- n'a plus d'yeux ces jours-ci que pour ce pape jésuite au ton singulier qui entame une visite de six jours aux Etats-Unis.
Une foule immense --quelque 15.000 invités-- est attendue sur la vaste pelouse de la Maison Blanche pour accueillir, en grande pompe, "l'homme le plus populaire dans le monde aujourd'hui", selon les termes du vice-président Joe Biben.
Le président américain et le souverain pontife prendront la parole tour à tour après avoir écouté l'hymne du Vatican (Inno e Marcia Pontificale), puis celui des Etats-Unis (The Star Spangled Banner).
Ils se retrouveront ensuite dans le Bureau ovale pour leur deuxième tête-à-tête, après celui du printemps 2014 au Vatican.
Il s'agit seulement de la troisième visite d'un pape à la Maison Blanche: Jimmy Carter avait reçu Jean-Paul II en 1979, et George W. Bush avait accueilli Benoît XVI en 2008.
Fait rare, M. Obama, qui est de confession protestante, a accueilli lui-même, mardi sur le tarmac, ce pape argentin qui foulait pour la première fois de sa vie le sol des Etats-Unis.
La Maison Blanche assure que cette visite n'a aucune visée politique: "L'objectif de cette rencontre est de donner aux deux hommes l'occasion d'échanger sur leurs valeurs communes", explique Josh Earnest, porte-parole de M. Obama. "Il y aura un temps pour la politique, sur les 364 autres jours de l'année".
Reste que --politiquement-- cette visite papale tombe à pic.
Lorsqu'il s'exprimera jeudi devant le Congrès, une première dans l'histoire des Etats-Unis, le premier pape argentin de l'histoire devrait prononcer un vibrant plaidoyer pour le rapprochement entre Washington et La Havane et pour un engagement résolu dans la lutte contre le changement climatique.
Deux sujets sur lesquels nombre d'adversaires républicains de M. Obama ne décolèrent pas.
- 'Pauvres, exclus et oubliés' -
Le radicalisme social du souverain pontife lui vaut aussi de très vives inimitiés chez les conservateurs et dans les milieux économiques libéraux. Le fait qu'il arrive tout juste de Cuba, où il a évité de critiquer le président Raul Castro, ne fait qu'irriter un peu plus ceux qui jugent que ce pape est un marxiste déguisé ou un traître à la foi catholique, qui serait trop souple sur la doctrine.
Dans l'avion qui l'a amené à Washington, le pape a promis de ne "pas mentionner" devant les élus du Congrès la sensible question de la levée de l'embargo économique des Etats-Unis contre l'île communiste de Cuba. "Le désir du Saint-Siège est qu'il y ait un accord satisfaisant pour les deux parties", a-t-il expliqué.
La levée de l'embargo est réclamée par la Maison Blanche mais la plupart des élus républicains s'y opposent.
La critique des dictatures de la technologie et de la finance, la dénonciation des responsabilités des vendeurs d'armes et des grandes puissances dans "la Troisième guerre mondiale par morceaux" qu'il dénonce sans cesse, devraient aussi figurer en bonne place dans son discours.
Dans les jours qui suivront son passage dans le Bureau ovale, le pape doit rencontrer des immigrés, des sans-logis, des détenus.
Il doit aussi présider à New York une cérémonie oecuménique sur le site du World Trade Center, contre le terrorisme et pour le respect entre religions.
Une autre cérémonie à Philadelphie avec la communauté hispanique exaltera les valeurs fondatrices de l'Amérique comme la liberté religieuse.
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