Le scandale des diesels trafiqués de Volkswagen s'étendait mardi avec la possible ouverture d'une enquête pénale aux Etats-Unis, la convocation des représentants du constructeur par la Corée et la demande d'une enquête européenne par la France.
Mardi matin, au lendemain d'une chute historique de l'action VW à Francfort (-17%), le ministre français des Finances Michel Sapin a demandé une enquête "au niveau européen" sur cette affaire qui a éclaté vendredi quand les autorités américaines ont annoncé que le premier constructeur mondial avait triché sur la qualité de ses moteurs diesels.
Selon l'ONG qui a contribué à révéler le scandale, l'International Council on Clean Transportation, il n'est "pas exclu" que Volkswagen ait eu recours aux mêmes techniques de dissimulation en Europe, a déclaré son directeur exécutif Drew Kodjak dans un entretien à l'AFP: "Il appartient aux régulateurs du continent de déterminer s'ils sont oui ou non en présence d'un +logiciel trompeur+ comme aux Etats-Unis".
Dorothee Saar, de l'ONG de protection de l'environnement Deutsche Umwelthilfe, estime qu'en Europe, "les constructeurs savent qu'il n'y a pas de contrôle postérieur". La probabilité de tricheries est donc encore plus forte surb le Vieux Continent.
- Allemagne, Corée -
Berlin a d'ores et déjà ordonné des "tests approfondis" sur tous les modèles diesel de la marque Volkswagen.
En Asie, "nous avons convoqué les représentants et les ingénieurs de Volkswagen à une réunion au ministère mercredi après-midi", a déclaré à l'AFP Park Pan-Kyu, directeur adjoint du ministère sud-coréen de l'Environnement.
"Nous allons commencer dès le mois prochain à conduire des tests et nous en annoncerons les résultats fin novembre", a-t-il ajouté.
Aux Etats-Unis, les autorités ont, selon des médias, ouvert une enquête pénale contre le constructeur. Contactés par l'AFP, ni le département de la Justice ni Volkswagen n'ont souhaité commenter.
Si elle était confirmée, cette enquête s'ajouterait à celle menée notamment par l'Agence fédérale de l'environnement (EPA), les autorités américaines ayant annoncé plus tôt lundi avoir étendu leurs investigations à d'autres constructeurs pour "détecter" la présence de tels logiciels dans des voitures déjà en circulation dans le pays.
Lundi restera comme une journée noire pour le champion mondial de l'automobile, symbole de la qualité de l'industrie allemande: plus de 15 milliards d'euros de capitalisation boursière qui sont partis en fumée à la Bourse de Francfort. Les autres titres automobiles et des équipementiers en Europe ont aussi accusé le coup.
L'affaire "va avoir des conséquences financières considérables pour Volkswagen, qui ne sont pas encore calculables", estime le spécialiste automobile Ferdinand Dudenhöffer, interrogé par l'AFP. "L'image et la crédibilité de Volkswagen dans le monde entier sont maintenant entamées".
L'est également la réputation d'un fleuron de l'industrie allemande, aux liens étroits avec la politique puisque l'Etat régional de Basse-Saxe en est actionnaire à hauteur de 20%.
- "excellents produits" -
Le ministre de l'Economie de ce Land Olaf Lies, membre du conseil de surveillance de Volkswagen, a soutenu mardi matin que le problème ne concernait "à sa connaissance" que les moteurs diesel. "Ce n'est pas (une tromperie) généralisée", a-t-il assuré, appelant à ne pas jeter le discrédit sur "les 600.000 salariés de Volkswagen qui fabriquent d'excellents produits".
"Il va s'agir d'établir qui savait quoi, qui a pris les décisions", selon lui, et il est clair que des têtes vont tomber. Selon le quotidien Handelsblatt, le patron de Volkswagen Martin Winterkorn devra rendre des comptes lors d'une réunion mercredi d'une partie du conseil de surveillance. Théoriquement son contrat devrait être prolongé vendredi, jusqu'à fin 2018, mais rien n'est moins sûr dans le contexte actuel.
Selon les autorités américaines, 482.000 véhicules de marque Volkswagen et Audi, construits entre 2009 et 2015 et vendus aux Etats-Unis, ont été équipés d'un logiciel capable de détecter automatiquement les tests de mesure antipollution pour en fausser les résultats.
Le mastodonte allemand, récemment couronné numéro un mondial des ventes devant Toyota, s'expose non seulement à des amendes pouvant atteindre 18 milliards de dollars (16 milliards d'euros), mais aussi au coût du rappel de tous les véhicules concernés, soit des millions voire des milliards de dollars, et à de possibles poursuites judiciaires.
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