Après son éclatante victoire aux législatives, Alexis Tsipras a entamé lundi son deuxième mandat de Premier ministre et s'apprête à reconduire avec la droite souverainiste un gouvernement de coalition qui sera immédiatement sur deux fronts : les difficiles réformes attendues par les créanciers de la Grèce et la crise migratoire.
Huit mois après sa première élection en janvier, M. Tsipras a de nouveau été investi à la tête du gouvernement en fin de journée, lors d'une prestation de serment civile "sur son honneur et sa conscience", et non sur "l'Evangile" comme tous ses prédécesseurs.
Il a remporté dimanche ses deuxièmes législatives en huit mois avec 35,46% des voix, contre 28,10% au parti de droite Nouvelle Démocratie, confirmant l'enracinement de son parti de gauche radicale sur l'échiquier politique grec et européen.
Le Premier ministre a indiqué qu'il entendait former son gouvernement d'ici mercredi matin, pour ne pas rater le Conseil européen convoqué ce jour-là à Bruxelles sur la crise migratoire, désignant ce dossier comme l'une de ses priorités dans les entretiens qu'il a eus lundi avec le chef de l'Etat Prokopis Pavlopoulos et la Première ministre de transition Vasiliki Thanou.
"Il est désormais possible que l'Europe prenne conscience de sa grande responsabilité dans un problème européen, qui ne peut pas peser seulement sur nous, les pays de la région", a observé M. Tsipras, dont le pays est devenu la principale porte d'entrée dans l'UE et appelle à plus de solidarité.
Deuxième front pour le nouveau gouvernement: prouver aux créanciers de la Grèce, UE et FMI, sa détermination à appliquer les "réformes" qu'ils ont dictées dans le troisième plan de sauvetage, d'un montant de 86 milliards d'euros sur trois ans, signé dans la douleur en juillet au prix d'une scission de Syriza qu'ont quitté 25 députés de son aile gauche.
- Evalué fin octobre -
M. Tsipras, 41 ans, dont le parti a obtenu 145 des 300 sièges de députés, ne pourra pas gouverner seul.
Il a annoncé dès dimanche soir qu'il allait reformer une coalition avec son ancien partenaire, le parti des Grecs Indépendants (Anel, de droite souverainiste), fort de 10 élus qui lui permettront de disposer d'une - courte - majorité absolue avec 155 députés.
Anel n'a recueilli que 3,69% des suffrages dimanche, un point de moins qu'en janvier, et a ainsi failli rester à la porte du parlement puisqu'il faut au moins 3% des voix pour y entrer. Le chef d'Anel, Panos Kammenos, ex-ministre de la Défense de M. Tsipras, échappe ainsi aux oubliettes de la politique.
M. Tsipras, quant à lui, retrouve un partenaire discipliné qui se démarque des partis traditionnels comme la Nouvelle démocratie (droite), et qu'il semble préférer de loin au Pasok (socialistes) ou à To Potami (centre).
L'évaluation par les créanciers d'ici à fin octobre de ces "réformes", allant de l'augmentation des impôts à la rationalisation de la fonction publique et à la dérégulation des marchés, sera le premier test.
Pour le commissaire européen chargé de l'euro, Valdis Dombrovskis, la victoire de Syriza est "une raison d'espérer" obtenir les réformes promises.
Sur la même ligne, Berlin souhaite "travailler étroitement et en partenariat avec le nouveau gouvernement grec". Qu'il s'agisse, selon le porte-parole de la chancellerie allemande, Steffen Seibert, de "surmonter ensemble la crise de la dette", mais aussi de faire face aux "défis" nés de l'arrivée massive de réfugiés.
- "Hiver difficile"-
Au c?ur du programme de Syriza, la restructuration de la dette, qui a commencé à être timidement évoquée ces derniers mois au sein de la zone euro. Le FMI reste partisan de sa réduction, pour la reprise de l'économie, mais l'UE, principal créancier, n'évoque pour l'instant qu'un réaménagement.
Il faut dire que la dette est égale à plus de 170% du PIB après les prêts internationaux successifs, l'excédent budgétaire primaire ne servant qu'à assurer le service de la dette.
Ta Néa, le quotidien ayant le plus gros tirage en Grèce, soulignait lundi qu'Alexis Tsipras avait "une deuxième chance", mais qu'il allait devoir faire face "à un hiver difficile", avec la mise en oeuvre du plan d'aide, la récession et la crise migratoire.
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