La décision du groupe Bigard d'acheter ses porcs à un prix inférieur à celui fixé au marché du porc breton (MPB) n'inquiète pas trop lundi les responsables de ce marché, contrairement aux syndicalistes qui affirment craindre "la mort" de cette institution, référence pour la détermination du prix au plan national.
"Nous avons eu un débat long d'où est ressorti une unanimité pour garder la défense collective" au travers du marché, contrairement à Bigard qui "veut faire exploser toutes les conventions qui nous lient", a déclaré lundi en fin de journée le président du MPB, Daniel Picart, à l'issue d'une réunion au siège du marché, à Plérin (Côtes d'Armor), de l'ensemble des acteurs de cette institution, y compris les abatteurs qui continuent d'y acheter leurs bêtes.
En poursuivant comme le fait Bigard, on peut "voir le retour des maquignons dans les campagnes, pourquoi pas? Ce que nous avons oublié depuis 40 ans, le retour d'une certaine forme de servage, à la bonne volonté de l'abatteur", a fait valoir Daniel Picart, considérant que, face à une telle alternative, "nous ferons tout pour maintenir un effort collectif".
"On espère faire revenir Bigard", a-t-il dit, relevant que l'industriel continuait cependant à se "servir du cadran comme référence pour fixer son prix", puisqu'il l'a établi à moins 5 centimes par rapport à celui du MPB.
Lundi, le kilo de porc a été vendu à 1,377 euro, contre 1,372 lors de la précédente cotation, jeudi, au marché au cadran (qui en organise deux par semaine).
Dans la matinée, Paul Auffray, le président de la Fédération nationale porcine (FNP), la section porc du syndicat majoritaire FNSEA, avait dit craindre "la mort" du MPB "si on ne trouve pas une solution d'ici la fin de la semaine".
Les éleveurs ont demandé l'organisation d'"une réunion urgente sur d'éventuelles réformes du fonctionnement du marché", a expliqué M. Auffray, au sortir d'une entrevue à Quimperlé au siège de Bigard, avec le directeur général du groupe, Bernard Treguer.
M. Treguer a "dit clairement qu'il n'était pas demandeur" d'une telle réunion, mais "si le président du marché et surtout le président du CRP (le Comité régional porcin, ndlr) invitent leurs représentants, on pense qu'ils viendront", a ajouté M. Auffray.
"Si on ne trouve pas de solution pour un retour rapide au cadran, ça veut dire que Bigard fait son prix à moins 5 (centimes) et que la Cooperl (l'un des deux autres acheteurs principaux du MPB, ndlr) va enclencher le pas très très vite", avait considéré dans la matinée le président de la FNP.
"1,32 euro, c'est le début d'un dévissage () Si on accepte 1,32 aujourd'hui, pourquoi pas 1,25 demain, et puis pourquoi pas encore en dessous", a-t-il ajouté. "Si on accepte ça, la moitié des éleveurs de porcs disparaissent dans les deux ou trois ans qui viennent."
Bigard et la Cooperl, avait décidé début août de ne plus acheter au MPB, déclenchant une nouvelle crise du porc. En juin, le gouvernement avait fixé comme objectif au MPB de parvenir à un prix moyen de 1,40 euro/kg, prix minimum réclamé par les éleveurs, qui a été atteint le 23 juillet au marché au cadran de Plérin.
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