Après son éclatante victoire dimanche, Alexis Tsipras, débarrassé de la frange de son parti Syriza la plus hostile à l'austérité, s'apprête à reconduire un gouvernement de coalition avec la droite souverainiste, pour mettre en ?uvre les difficiles réformes économiques attendues par les créanciers de la Grèce.
En remportant ses deuxièmes législatives en huit mois avec 35,46% des voix contre 28,10% au parti de droite Nouvelle Démocratie, M. Tsipras confirme l'enracinement de son parti de gauche radicale Syriza sur l'échiquier politique grec et européen.
Le nouveau Premier ministre doit se rendre lundi à 15h00 GMT chez le président de la république Prokopis Pavlopoulos pour recevoir le mandat de former un gouvernement, avant de prêter serment dans la soirée.
M. Tsipras, 41 ans, dont le parti a obtenu 145 des 300 sièges de députés, ne pourra pas gouverner seul.
Mais il a annoncé dès dimanche soir qu'il allait reformer une coalition avec son ancien partenaire, le parti des Grecs Indépendants (Anel, pourtant de droite souverainiste), fort de 10 élus qui lui permettront de faire l'appoint et de disposer d'une - courte - majorité absolue avec 155 députés.
Anel n'a recueilli que 3,69% des suffrages dimanche, un point de moins qu'en janvier, et a ainsi failli rester à la porte du parlement puisqu'il faut au moins 3% des voix pour y entrer.
- Echapper aux oubliettes -
Ensemble à la tribune dimanche soir, les deux hommes, pourtant aussi différents qu'on peut l'être, ne cachaient pas leur joie d'avoir réussi à reconstituer leur union.
Le chef d'Anel, Panos Kammenos, ex-ministre de la Défense de M. Tsipras, et qui s'est montré cette année parfaitement fidèle à son mentor tout en tenant fermement ses députés, échappe ainsi aux oubliettes de la politique.
M. Tsipras, quant à lui, retrouve un partenaire qui se démarque des vieux partis traditionnels comme la Nouvelle démocratie (droite), et qu'il semble préférer de loin au Pasok (socialistes) ou à To Potami (centre) avec lesquels il lui aurait fallu sinon s'allier, bon gré mal gré.
"Nous avons eu une excellente coopération ces derniers mois () nous allons poursuivre notre oeuvre", a résumé M. Kammenos, 50 ans.
Mais la route est semée d'embûches pour le nouveau gouvernement, qui doit prouver aux créanciers de la Grèce, UE et FMI, sa détermination à appliquer les "réformes" qu'ils ont dictées dans le troisième plan de sauvetage, d'un montant de 86 milliards d'euros sur trois ans, signé dans la douleur en juillet au prix d'une scission de Syriza qu'ont quitté 25 députés de son aile gauche.
L'évaluation par les créanciers d'ici à fin octobre de ces "réformes", allant de l'augmentation des impôts à la rationalisation de la fonction publique et à la dérégulation des marchés, sera le premier test.
Pour Mujtaba Rahman, le chef Europe de la société de conseil politique Eurasia Group, cité par Bloomberg, "de la réussite de la première évaluation du programme dépend la stabilité économique et politique". La Grèce a connu cinq législatives depuis l'éclosion de la crise de la dette en 2010.
Pour le commissaire européen chargé de l'euro, Valdis Dombrovskis, la victoire du Syriza est "une raison d'espérer" obtenir les réformes promises.
- Dette et crise des réfugiés -
Sur la même ligne, Berlin souhaite "travailler étroitement et en partenariat avec le nouveau gouvernement grec". Qu'il s'agisse, selon le porte-parole de la chancellerie allemande, Steffen Seibert, de "surmonter ensemble la crise de la dette", mais aussi de faire face aux "défis" nés de l'arrivée massive de réfugiés.
Alexis Tsipras a déjà prévenu son électorat dimanche que "la reprise n'allait pas venir comme par magie" et qu'il allait "travailler dur" pour remettre l'économie sur les rails.
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