Le gouvernement a donné lundi, Journée mondiale d'Alzheimer, son feu vert à la construction d'un village pilote dans les Landes visant à maintenir les malades dans une vie sociale "ordinaire", et inauguré près de Tours un "village répit", qui permet à leurs familles de souffler durant quelques jours.
C'est à Mont-de-Marsan que Laurence Rossignol, secrétaire d'Etat chargée des Personnes âgées et de l'Autonomie, a officialisé le premier projet de "village Alzheimer" en France qui accueillera 120 malades à son ouverture prévue en 2018.
Le but de ce village, inspiré du premier du genre fondé en 2009 à Weesp, aux Pays-Bas, est de maintenir aussi longtemps que possible les malades d'Alzheimer dans une vie sociale ordinaire, sans blouse blanche visible mais sous l'étroite surveillance de 120 soignants et de 120 bénévoles.
Il sera pour les résidents "un lieu où l'on peut continuer de vivre dans la vraie vie avec la personne aimée, avec laquelle on a toujours vécu", a souligné la ministre.
L'Etat débloquera trois millions d'euros par an pour financer budget de fonctionnement de ce "projet pilote" qui a vocation, selon elle, à essaimer dans tout l'Hexagone.
"L'impossibilité d'identifier le personnel" doit contribuer "à inscrire les patients dans un paysage normalisé de vie sociale", expliquait au printemps dernier le directeur de l'Agence régionale de Santé (ARS) d'Aquitaine, Michel Laforcade. Pour lui, le modèle inventé aux Pays-Bas "permet d'avoir une liberté totale tout en préservant la sécurité des résidents de façon discrète" et "en réduisant la consommation de médicaments".
A ce titre, le village landais, "un lieu emblématique qui marquera un tournant dans la prise en charge de la maladie", doit aussi constituer "un projet pour les chercheurs", a insisté lundi Mme Rossignol.
Le coût global du projet, estimé à 22 millions d'euros, est porté depuis près de deux ans par le Conseil départemental des Landes. Son budget de fonctionnement annuel est estimé à 8,5 M euros, partagé entre le département, l'Etat et les résidents, qui devraient payer entre 60 et 65 euros par journée.
- Un aidant sur deux meurt avant son proche -
A Fondettes (Indre-et-Loire), dans la banlieue de Tours, c'est le "Village répit familles" (VRF) que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a choisi de mettre en lumière à l'occasion de la Journée Alzheimer.
Première structure de ce type en France, ce village accueille conjointement, pour quelques jours de vacances, des personnes âgées dépendantes et les proches qui en ont la charge. "Cela permet à l'aidant de prendre un peu de répit pendant que l'équipe médico-sociale va prendre soin de la personne dépendante", résume Patrick Brunerie, directeur du VRF qui a ouvert ses portes récemment.
"Nous instaurons un droit au répit. A partir de l'année prochaine, les personnes qui sont aidantes pourront bénéficier d'un soutien, jusqu'à 500 euros par an, pour prendre quelques heures ou quelques jours de repos", a indiqué Mme Touraine en référence au projet de loi "d'adaptation de la société au vieillissement".
D'une surface de 3.000 m2 au milieu d'un parc arboré, le VRF ressemble à n'importe quel village de vacances haut de gamme, avec piscine couverte, jacuzzi, salon de massage, mini-golf, etc.
"On a l'impression de revivre, on avait oublié. Ce sont nos premières vacances depuis trois ans", a expliqué à l'AFP Elisabeth Gosselin, 70 ans, à côté de son mari Claude, 77 ans et en chaise roulante. "Je vais être hospitalisée. On m'a découvert une tumeur. En m'occupant de mon mari, j'ai oublié de me soigner", a-t-elle lâché au détour d'une phrase.
"Un aidant familial sur deux qui s'occupe d'un proche meurt avant son mari, sa femme, son frère, sa soeur, son fils qui l'aide? Il faut prendre la mesure de l'épuisement des aidants", a insisté Marisol Touraine, jugeant ces chiffres "effrayants".
A Fondettes, le coût moyen pour un séjour d'une semaine en pension complète d'une personne dépendante et de son proche est de 1.223 euros, le coût de la prise en charge médicale étant couvert par l'assurance maladie.
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