L'attente se prolongeait dimanche soir à Ouagadougou, dans une ambiance toujours tendue, sans qu'aucune solution à la crise ne filtre de l'hôtel où étaient toujours réunis, pour une médiation, putschistes et opposants au coup d'Etat.
"Qu'est-ce qui bloque? On ne sait pas, on attend", a confié à l'AFP Achille Marie Joseph Tapsoba, le vice-président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti du président burkinabè déchu Blaise Compaoré.
M. Tapsoba a toutefois affirmé que la solution retenue devrait prendre en compte "les aspirations de tous les Burkinabè" et donc inclure tous les candidats aux élections, y compris ceux du CDP, qui ont été exclus suite à une loi votée par l'Assemblée intérimaire.
"Un des points d'achoppement réside dans le sort du général Diendéré", un proche de Compaoré qui a pris le pouvoir jeudi, a complété une source proche du dossier. Selon cette source, certains voudraient qu'il soit poursuivi, tandis que ses partisans réclament une amnistie, voire son maintien jusqu'aux élections.
Dirigée par la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), la médiation avait donné rendez-vous ce dimanche à 10H00 locales et GMT pour présenter son projet d'accord, après avoir multiplié les négociations marathon avec les acteurs de la vie politique et civile au Burkina depuis plus de 48 heures.
Samedi soir, le président béninois Boni Yayi, également médiateur, s'était même laissé aller à promettre "une bonne nouvelle" pour dimanche, laissant entendre qu'il pourrait s'agir d'"un retour" aux institutions en place avant le coup de force du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) et la prise de pouvoir par le général Gilbert Diendéré.
L'annonce devait être faite à l'hôtel Laico à Ouagadougou, par le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de la Cédéao, assisté du représentant de l'ONU en Afrique de l'Ouest Mohamed Ibn Chambas. Le général Diendéré et des représentants de la classe politique et la société civile devaient également être présents.
La présidence sénégalaise, qui conduit au Burkina Faso la médiation de la Cédéao, avait annoncé samedi travailler sur un scénario "qui pourrait très fortement conduire au retour" du président de la transition Michel Kafando. Le général Diendéré s'était aussi montré rassurant, déclarant: "Je n'ai jamais dit que j'allais conserver le pouvoir".
- Violences -
Mais à 18H00, aucune nouvelle n'avait filtré de l'hôtel Laico, où se trouvaient les négociateurs.
Dans l'attente d'une annonce, la tension est montée d'un cran dans l'hôtel, où une centaine de sympathisants du général Diendéré ont fait irruption dans l'après-midi, saccageant le mobilier du hall et chassant à coup de cordelettes des anti-putschistes et des journalistes rassemblés devant l'établissement, a constaté l'AFP.
Juste avant que les violences n'éclatent, d'autres sympathisants du mouvement "Balai citoyen", - en pointe dans le soulèvement populaire contre le président Compaoré en 2014 - s'étaient pressés devant le même hôtel avant d'être dispersés par des forces de l'ordre.
Mais des soldats à bord de pick-up ont été positionnés pour éviter tout rassemblement aux abords de cette place, épicentre de la contestation qui avait conduit à la chute du président Compaoré après 27 ans au pouvoir.
Selon un dernier bilan hospitalier samedi, les violences qui ont accompagné le coup d'Etat ont fait au moins 10 morts et 113 blessés.
Un peu partout à travers le Burkina Faso, des habitants, souvent des jeunes, ont érigé des barrages routiers et brûlé des pneus, paralysant la circulation et le pays pour mettre la pression sur les putschistes.
Le 17 septembre, des hommes du RSP ont renversé les institutions de transition du Burkina Faso, avec à leur tête le général Diendéré.
Très proche de Compaoré dont il a été pendant des années le chef d'état-major personnel et commandant du RSP, le général Gilbert Diendéré reproche aux autorités installées après la chute en octobre 2014 du président Compaoré d'avoir dévoyé la transition, notamment en excluant les partisans de l'ex-homme fort des prochaines élections.
Le Burkina Faso a connu depuis son indépendance en 1960 de nombreux coups d'État militaires. Le général Diendéré avait joué un rôle clé dans le putsch de 1987 qui avait porté au pouvoir Blaise Compaoré et s'était soldé par la mort du président Thomas Sankara.
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