Transpirant, haletant et les yeux embués de larmes, des dizaines de fidèles musulmans gravissent "la Montagne de la lumière", à l'instar du prophète Mahomet, avant le début mardi du pèlerinage annuel à La Mecque.
Selon la tradition musulmane, c'est en effet dans une grotte nichée sur cette montagne surplombant la ville sainte que le prophète a reçu la première révélation du Coran, à l'âge de 40 ans.
"Même âgé, Mahomet venait chaque fois ici", confie Fouad Tajeddine, un quinquagénaire du Sénégal.
Comme lui, des hommes et des femmes de tout âge tentent de gravir les 642 mètres du mont, en dépit de la chaleur accablante, baskets ou sandales aux pieds et bâton en main pour certains.
"Même l'épouse du prophète, Khadija, bien que plus vieille que lui, escaladait la montagne deux fois par jour. Alors pour nous () c'est une obligation", explique Fouad tout en gravissant les marches menant au sommet, une casquette vissée sur la tête.
A côté, des personnes âgées s'offrent un moment de répit en buvant quelques gorgées d'eau avant de poursuivre l'éreintante montée, qui s'effectue à l'aube ou quelques heures avant le coucher du soleil.
D'autres prennent des photos de la montagne -et les publient immédiatement sur les réseaux sociaux- ou posent pour un selfie.
Au sommet, des pèlerins se pressent à l'entrée de la grotte de Hira, où Mahomet aurait passé beaucoup de son temps à réfléchir sur la nature et la création.
A l'intérieur, on prie, on pleure ou on cherche la bénédiction divine en palpant et en embrassant les parois de la grotte, même si des policiers saoudiens tentent de prévenir ces manifestations d'émotion.
L'Arabie saoudite, riche monarchie pétrolière et gardienne des lieux saints musulmans, applique en effet une version stricte de l'islam, le wahhabisme, qui interdit l'idolâtrie.
- 'Risqué' -
Le pèlerinage à La Mecque (hajj) commence officiellement mardi, malgré la mort de plus de 100 personnes lors de l'effondrement d'une grue dans la grande Mosquée. Quelque 1,4 million de fidèles sont attendus de l'étranger et nombre d'entre eux sont déjà arrivés pour accomplir l'Omra (petit pèlerinage) ou visiter les sites sacrés.
L'ascension vers la grotte de Hira ne fait pas partie des étapes rituelles du hajj. Mais "c'est une partie de notre foi", assure Chawki Aydous, un pèlerin libanais, à quelques jets de pierre du sommet de la "Montagne de la lumière".
"Cette grotte, je l'ai visitée quatre fois et là, c'est la cinquième", explique-t-il. "A chaque fois, ça m'a porté bonheur. C'est très beau de voir (le lieu) où Khadija passait tous les jours pour apporter des vivres au prophète Mahomet, même si ce n'est pas un passage obligé du pèlerinage".
"Je n'encourage pas toutes les personnes à venir ici parce que c'est risqué", tempère-t-il toutefois. "Mais toutes celles qui en ont la capacité doivent le faire".
Au soleil couchant, alors qu'en contrebas l'appel à la prière résonne depuis La Mecque, qui commence à s'illuminer, les pèlerins entament la descente avant que la pénombre et le silence n'enveloppent le mont pour la nuit, loin de l'agitation de la ville sainte.
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