Les maires se sont mobilisés samedi un peu partout en France pour dénoncer la baisse des dotations de l'Etat aux collectivités locales, qui pèse lourdement sur le budget des communes et menace selon eux les services publics.
Rassemblement d'élus ceints de leur écharpe tricolore, délégations reçues en préfecture les édiles ont répondu par centaines à l'appel de l'Association des Maires de France (AMF).
cette journée d'action a réuni des maires de toutes tendances - dont de rares élus socialistes - pour réclamer une révision d'urgence du calendrier et de l'effort demandé.
A Bordeaux, le maire Les Républicains (LR) Alain Juppé s'est déclaré "totalement solidaire du mouvement" devant 200 élus girondins venus protester devant la préfecture de la Gironde.
le président du MoDem et maire de Pau François Bayrou a également participé "par solidarité" à la manifestation dans sa ville.
A Lille, quelque 300 élus de communes du Nord, se sont rassemblés devant la préfecture où une délégation a été reçue par le préfet. Un seul élu PS, Jean-François Delattre, maire d'Haspres (2.800 habitants), était présent.
"Le service public, les Français y sont attachés. Aujourd'hui, les maires résistent face à cet assèchement financier", a affirmé Patrick Masclet, sénateur-maire d'Arleux (LR) et président de l'Association des maires du Nord.
"Si cela continue, on sera amené à augmenter le prix des repas à la cantine, ne pas renouveler certains départs en retraite et baisser les subventions aux associations", s'est exclamé le maire PCF de Waziers, Jacques Michon.
Dans l'Oise, les représentants de "300 communes" ont exprimé leur colère "car certaines sont au bord de la faillite", a affirmé à l'AFP Caroline Cayeux, maire LR de Beauvais et présidente de la Fédération des villes de France .
A Montauban, 150 personnes ont marché en direction de la préfecture, avec à leur tête des maires, essentiellement LR, du département. A Toulouse, le maire, Jean-Luc Moudenc (LR), a signé avec d'autres élus une pétition en ligne de l'AMF.
Mobilisation également outre-mer. Neuf maires (huit de droite, un communiste) sur les 24 que compte La Réunion se sont rassemblés à Saint-Denis.
Dans un communiqué, Frédéric Cuvillier, maire PS de Boulogne-sur-Mer, avait dénoncé "la dérive partisane" de l'association des maires du Pas-de-Calais à laquelle il a suspendu sa participation.
- Manoeuvre de la droite ? -
Entamée en 2014, la baisse des dotations aux collectivités doit représenter 3,67 milliards d'euros par an d'ici 2017, dont 2 milliards pour les communes et les intercommunalités.
Une "amputation insoutenable" qui aura "de graves conséquences sur l'activité économique", selon François Baroin (LR), le président de l'AMF. Il souligne que la part de responsabilité des communes dans la dette française "est de 4%" alors qu'elles vont devoir produire sur quatre ans "25 à 30% de l'effort".
A trois mois des régionales, la mobilisation des élus locaux tombe mal pour le gouvernement, qui a répondu partiellement à leurs préoccupations en annonçant la création d'un fonds doté d'un milliard d'euros pour soutenir les projets d'investissement que les collectivités ne parviennent pas à financer.
Devant l'ampleur de la fronde, François Hollande a appelé dès vendredi "tous les acteurs publics" à "faire des économies". Et la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR) a dénoncé une manoeuvre de François Baroin et de la droite.
Côté gouvernement, la ministre de la Décentralisation, Marylise Lebranchu, a rappelé que la baisse des dotations ne représente pour les communes "qu'une diminution de 1,84%" de leurs recettes annuelles de fonctionnement, "soit en moyenne 28 euros par habitant".
Mais l'inquiétude des élus est profonde et les maires ruraux, souvent sans étiquettes politiques, qui représentent près d'un quart des plus de 36.000 maires de France, ont participé activement à la mobilisation.
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