La Croatie, débordée par l'arrivée massive de migrants sur son territoire, a acheminé vendredi une partie des candidats à l'exil en car et en train vers la Hongrie, qui devait terminer de clôturer sa frontière avec la Croatie dans la nuit.
Pour la seule journée de vendredi, 4.400 migrants sont entrés en Hongrie, selon un recensement à 22h00 heure locale (20h00 GMT), a annoncé le conseiller du gouvernement hongrois, György Bakondi.
Il a également indiqué que 28 kilomètres de clôture de barbelés avaient été posés à la frontière croato-hongroise sur les 41 kilomètres prévus. Il estimait que la pose de cette clôture serait achevée à minuit (22h00 GMT vendredi) grâce au travail de 500 soldats.
Budapest a accusé les autorités croates d'encourager les migrants à franchir "illégalement" sa frontière. Mais la Croatie, devenue la nouvelle route d'exil des migrants de Syrie et d'Irak depuis la fermeture complète de la frontière serbo-hongroise, a affirmé dans la soirée avoir convenu avec Budapest que la Hongrie laisserait entrer les migrants "vulnérables".
Budapest avait auparavant nié tout accord sur le franchissement de sa frontière.
Cet acheminement a paru susciter des tensions entre les deux pays, notamment quand un train transportant 800 migrants en Hongrie était escorté par 40 policiers croates armés.
La présence de ces agents en armes sur le territoire hongrois a été qualifiée par M. Bakondi d'"incident de frontière sans exemple".
Les policiers ont été désarmés et brièvement arrêtés, selon des informations de la presse croate, ce qui a été démenti par les autorités de Zagreb.
Les policiers voyageaient avec les migrants pour assurer le maintien de l'ordre, en accord avec la Hongrie, a déclaré au quotidien Jutarnji List le ministre croate de l'Intérieur Ranko Ostojic. La Hongrie a manifestement décidé de "truquer et détourner" cet accord, a-t-il dit.
Dans la journée, la Croatie avait confirmé avoir entamé l'acheminement des migrants vers la frontière avec la Hongrie, se disant débordée. Depuis mercredi matin, Zagreb a compté plus de 17.000 migrants entrés en Croatie par la Serbie.
Les autorités croates ont décidé jeudi de fermer "jusqu'à nouvel ordre" sept des huit passages frontaliers avec la Serbie.
Vendredi, environ 1.500 migrants sont arrivés dans un train - le deuxième depuis jeudi - à Zagreb, la capitale croate, située dans l'ouest du pays. La police croate les a emmenés dans un centre d'enregistrement puis les a laissés libres de repartir par leurs propres moyens vers la frontière avec la Slovénie, située à seulement 20 km, selon un photographe de l'AFP sur place.
- Vers la frontière autrichienne -
Plus à l'est, une vingtaine de bus, transportant chacun une soixantaine de migrants, ont pu franchir la frontière hongroise en fin de journée à Beremend.
Selon un journaliste de l'AFP, une trentaine de bus attendaient de pouvoir franchir à leur tour cette frontière dans la soirée. La situation était calme.
Ils faisaient face à environ 200 policiers et 50 militaires hongrois chargés de garder la frontière.
A Beremend, une fois passée la frontière, les cars croates ont débarqué leurs passagers, ensuite transférés dans des autocars hongrois. De là, les migrants sont convoyés vers des centres d'enregistrement à Szentgotthard au sud-ouest et à Vamosszabadi à l'ouest, deux villes proches de la frontière autrichienne, a indiqué une porte-parole de la police à l'agence de presse hongroise MTI.
La Slovénie (2 millions d'habitants), membre de l'UE et de l'espace Schengen, se préparait aussi à un afflux de migrants détourné par les barrières érigées par les pays voisins.
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