Le XV de la Rose avait beau jouer en rouge vendredi soir, c'est une marée blanche qui a déferlé sur Twickenham pour pousser, dans une odeur d'oignon frit et de bière, son équipe vers la victoire.
Quatre heures avant le coup d'envoi officiel de la Coupe du monde de rugby, les alentours du Temple étaient déjà noirs de monde, dans une fébrile attente avant le premier match de l'Angleterre face aux îles Fidji.
"J'ai eu mes places il y a plus d'un an. Là j'ai dit au revoir à ma copine pour six semaines! J'en peux plus d'attendre. L'autre jour j'ai failli avoir un accident sur l'autoroute et je me suis dit: +ne meurs pas avant vendredi!+", a raconté Chris McGurran, un comptable de 31 ans, déguisé en chevalier.
"On a hâte que ça commence, c'est le jour J. Trois ans après les jeux Olympiques, Londres accueille une nouvelle fois le monde", a ajouté Christine et Paul Lidbury, venus du centre de la capitale.
De fait, si les tuniques blanches frappées de l'emblème de la Rose étaient outrageusement majoritaires, on pouvait voir aussi quelques maillots argentins, français ou, pour les plus téméraires, écossais. Tous mélangés sur la place centrale devant le stade, dans une ambiance de festival de musique.
Sairusi Ratulailai a même pu acheter un drapeau fidjien qu'il agitait avec fierté. "La pression est sur l'Angleterre, pas sur nous. On va leur en donner pour leur argent. Mais d'abord on va aller boire une pinte", expliquait-il.
De ce côté-là, la tradition était bien respectée à Twickenham. Dès l'heure du goutter, les pompes de bière fonctionnaient à plein régime pour échauffer les gosiers et noyer les fish&chips.
-Marché noir-
Guère étonnant lorsque l'association des pubs et de la bière britannique table sur 25 millions de pintes supplémentaires englouties pendant la Coupe du monde.
Mais on pouvait noter aussi quelques entraves aux us et coutumes séculaires du plus grand stade de rugby du monde, inauguré en 1909. Déjà le décorum, habillé aux couleurs de la Rugby World Cup, est différent, mieux fléché, moins libertaire. L'organisation est plus stricte, les règles plus lourdes.
Et puis surtout, le fameux parking à l'est du stade, où les habitués du tournoi des VI Nations ont l'habitude d'improviser un pique-nique chic à l'arrière des Bentley, a été réquisitionné pour augmenter les capacités d'accueil.
"Ça c'est dommage, vraiment dommage", peste Neil Hammond, un habitué, venu en voisin de Richmond, petite ville cossue du sud-ouest londonien.
Le prix des places, -75 livres (102 euros) la moins chère-, a également douché l'enthousiasme de quelques-uns. Au marché noir, à la sortie de la gare de Twickenham, ils étaient vendus entre 350 et 450 livres l'unité, alors que Scotland Yard a multiplié les mises en gardes contre les faux billets.
Cela n'empêchera toutefois personne d'entonner, peu avant 20h00 locales (21h00 françaises), "God Save the Queen" après la brève cérémonie d'ouverture en présence des princes Harry et William et du Premier ministre David Cameron.
"Le soutien du public représente environ douze points d'avance", estime Jason Leonard, l'ancien pilier devenu président de la Fédération. Ils étaient 82.000 prêts à le prendre au mot pour éviter au XV de la Rose le même affront que la France en 2007, lorsqu'elle fut battue en ouverture par l'Argentine à Paris.
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