La Croatie, qui se dit débordée par l'arrivée massive de migrants sur son territoire, acheminait vendredi les candidats à l'exil par bus vers la Hongrie, dont certains ont déjà pu traverser la frontière pour une destination encore inconnue.
Budapest a aussitôt accusé les autorités croates d'encourager les migrants à violer la loi en franchissant "illégalement" sa frontière.
Un correspondant de l'AFP a compté 22 bus d'une soixantaine de migrants, dont des femmes et des enfants. Environ 200 policiers et 50 militaires hongrois gardaient la frontière, que Budapest a souhaité fermer au flux de migrants.
Deux bus ont pu traverser la frontière et leurs passagers ont été transférés dans des bus hongrois pour une destination qui n'a pas été précisée de source officielle. Dix autres bus sont passés par la suite, dont les passagers attendaient à leur tour de monter dans des bus hongrois, a observé un journaliste de l'AFP .
Interrogée sur leur destination, une porte-parole du Premier ministre hongrois Viktor Orban a promis des informations plus tard dans la journée.
L'entrée de ces migrants en Hongrie intervient alors que le chef du gouvernement hongrois avait annoncé dans la matinée la pose d'une nouvelle clôture de barbelés à la frontière avec la Croatie, afin de se protéger du flux de migrants et de réfugiés qui fuient les guerres en Syrie et Irak, et convergent vers l'Europe du Nord, en train, en bus, ou à pied.
"Le gouvernement croate s'applique à acheminer les migrants, contrairement aux règles en vigueur au sein de l'Union européenne, vers la frontière avec la Hongrie", a réagi le chef de la diplomatie hongrois Peter Szijjarto à l'issue d'entretiens à Belgrade, accusant Zagreb d'"encourager" les migrants à "franchir illégalement une frontière"
Depuis mercredi matin, Zagreb a compté 15.400 migrants entrés en Croatie par la Serbie. Un train transportant environ 1.500 migrants est encore arrivé à la mi-journée à Zagreb, le second depuis jeudi matin.
Le pays, qui se dit "saturé", avait annoncé la fermeture "jusqu'à nouvel ordre" des postes-frontières de Tovarnik, Ilok, Ilok 2, Principovac, Principovac 2, Batina et Erdut.
- 'Chaos complet' -
A Tovarnik, petite gare croate près de la frontière serbe, des milliers de personnes arrivées à pied ou en bus ont campé dans les champs, dans l'attente du départ d'un train.
"La situation est assez dramatique. Les gens sont en colère. Si un train ne part pas, ils vont commencer à se battre" a mis en garde le directeur des urgences de l'ONG Human Rights Watch, Peter Bouckaert.
"C'est un chaos complet. Il y a des milliers de gens dans l'attente () C'est une minuscule petite ville avec une seule rue qui est complètement débordée", a-t-il encore déclaré à l'AFP, disant craindre que certains n'aboutissent sur des terrains minés depuis la guerre des Balkans.
La petite Slovénie, membre de l'Union européenne et de l'espace Schengen, qui ne compte que deux millions d'habitants, se préparait aussi à recevoir le flux des migrants détourné par les barrières érigées par les pays voisins.
Un premier groupe de 150 migrants arrivés en train dans la nuit depuis Zagreb a été intercepté dans la ville-frontière slovène de Dobova.
Après avoir essayé en vain de les refouler, les autorités slovènes les ont transportés dans un centre d'accueil, "dans l'attente d'un accord sur une procédure de retour en Croatie".
Plus au sud, le Parlement de la Macédoine a prolongé vendredi de 30 jours l'état d'urgence décrété à la frontière avec la Grèce, au sud, et à celle avec la Serbie, au nord.
L'évolution de la crise migratoire dans cette partie de l'Europe maintient la pression sur l'UE, dont les dirigeants se retrouvent mercredi à Bruxelles, pour tenter de surmonter leurs divisions, au lendemain d'une rencontre des ministres de l'Intérieur.
Le commissaire à l'Elargissement de l'UE Johannes Hahn a assuré les pays des balkans du soutien de l'Europe.
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