Les Bourses asiatiques, à l'exception de Tokyo, et les monnaies des pays émergents étaient orientées à la hausse vendredi, sur fond de soulagement des investisseurs après le statu quo de la banque centrale américaine (Fed), mais l'incertitude persistante jetait une ombre au tableau.
Le verdict est tombé quelques heures à peine avant l'ouverture des marchés en Asie: c'est la prudence qui l'a emporté au sein du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) face aux récentes turbulences financières et incertitudes économiques venues des marchés émergents et notamment du premier d'entre eux, la Chine.
En l'absence d'un relèvement des taux d'intérêt américains, qui aurait à coup sûr provoqué une onde de choc dans le monde de la finance, les réactions étaient globalement positives, sans enthousiasme excessif cependant, sur les places asiatiques.
Hong Kong et Shanghai ont démarré en petite hausse, une avance qu'ils maintenaient à la mi-journée (+0,42% et +0,40% respectivement). Idem pour Sydney et Séoul.
Seul Tokyo a évolué à contre-courant, l'indice Nikkei finissant en baisse de 1,96%. En cause, le net regain du yen face au dollar dans la foulée du maintien par la Fed de la politique de taux zéro, de quoi déplaire aux détenteurs d'actions des groupes exportateurs japonais.
"Nous ne savons toujours pas quand la Fed va relever ses taux, et cette incertitude pèse sur les marchés", a commenté pour l'agence Bloomberg Tomomi Yamashita, analyste chez Shinkin Asset Management. "Si l'idée qu'une hausse ne se profile pas à l'horizon fait son chemin, nous allons voir le dollar faiblir encore face au yen".
- 'Cercle vicieux' -
Les commentaires de la Réserve fédérale refroidissaient aussi les ardeurs des donneurs d'ordres nippons, comme ils avaient laissé perplexe Wall Street jeudi (le Dow Jones avait perdu 0,39%, tandis que le Nasdaq prenait 0,10%). Pour justifier son attentisme, la présidente de l'institution, Janet Yellen, a évoqué "des inquiétudes plus vives concernant la croissance en Chine et dans d'autres marchés émergents".
Désormais, au lieu de spéculer sur la Fed, les investisseurs "vont commencer à se concentrer sur les raisons qui ont causé la correction des marchés en août", à savoir la fragilité de la reprise mondiale, avertit Matt Maley, chez Miller Tabak à New York. Depuis la dévaluation soudaine du yuan chinois le 11 août, les places financières ont été soumises à des mouvements extrêmement volatils, nourris par des craintes sur l'évolution de la deuxième économie mondiale.
Du côté des changes, les monnaies des pays émergents, qui ont chuté de près de 20% sur l'année écoulée, se sont appréciées après le communiqué de la Fed, alors qu'une fuite des capitaux vers les Etats-Unis est redoutée en cas de durcissement monétaire.
Dans les échanges asiatiques, le baht thaïlandais prenait 0,10% face au dollar par rapport à la veille, le ringgit malaisien 0,23%, la roupie indienne 0,64% et le won sud-coréen 0,04%.
"Pour les banquiers centraux de ces pays, c'est une bouffée d'oxygène bienvenue", mais l'inaction peut aussi être négative, notaient des analystes.
"C'est un cercle vicieux: la Fed ne relève pas ses taux parce que les pays émergents sont sous pression, mais ceux-ci sont sous pression parce que la Fed va de toute façon relever ses taux" un jour, et ainsi de suite, relevait la National Australian Bank (NAB), appelant à "casser ce cycle" infernal.
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