C'est parti pour six semaines en ballon ovale: le duel Angleterre - Fidji, vendredi (21h00) lance la Coupe du monde de rugby, dont les All Blacks seront les favoris et qui devrait permettre aux organisateurs d'engranger des profits records.
On imagine l'immense frisson qui parcourra les travées de Twickenham, garni jusqu'aux cintres (82.000 spectateurs) à l'heure du coup d'envoi, tant l'attente est grande. Londres et l'Angleterre piaffent d'exhiber leur équipe et leur savoir-faire au gré des 48 matches qui s'étaleront jusqu'à la finale, le 31 octobre à Twickenham.
Cette 8e Coupe du monde a déjà été présentée par ses organisateurs comme "la plus aboutie". "C'est l'occasion pour l'Angleterre de démontrer la force que représente ce rugby à l'échelle de la nation", résume Bernard Lapasset, président de la Fédération internationale (World rugby).
Berceau historique de la discipline, officiellement né du geste "fou" d'un certain William Webb Ellis courant ballon sous le bras lors d'un match de football en 1823 à l'école de Rugby, l'Angleterre veut étaler son savoir-faire en terme d'organisation, dans la lignée des très réussis Jeux Olympiques de Londres en 2012.
Le record de fréquentation établi en 2007 en France sera battu: plus de 2,3 millions de billets ont été écoulés pour les 48 matches au programme dans les 13 stades répartis dans dix villes anglaises et à Cardiff. Et les organisateurs avancent que plus de 4 milliards de téléspectateurs suivront au moins l'un des matches retransmis dans 203 pays. La planète ovale compte notamment sur la retransmission en direct en Allemagne et en Chine pour conquérir de nouveaux marchés.
- Trop facile pour les Blacks? -
Mais le spectacle sera-t-il à la hauteur des attentes ? Les coupes du monde sont rarement prolifiques en essais et en grandes envolées. L'arrivée du professionnalisme en 1995 a révolutionné ce sport, désormais beaucoup tourné vers l'affrontement direct entre joueurs "sur-préparés", parfois à l'origine de blessures sévères.
La santé des athlètes a ainsi été consacrée priorité n.1 par World rugby, qui s'inquiète du nombre croissant de commotions cérébrales dans les matches de haut-niveau.
Cette année, quelques affiches déséquilibrées comme Nouvelle-Zélande - Namibie (le 24 septembre) ou Australie - Uruguay (27 septembre) laissent planer une crainte de blessure sérieuse et de scores fleuves.
Car sur les 20 équipes sur la ligne de départ, les nations susceptibles de l'emporter sont rares. On distingue un favori, la Nouvelle-Zélande, sacrée en 2011 à domicile et qui rêve de devenir la première équipe trois fois titrée. Et quelques sérieux prétendants comme l'Angleterre, seule nation de l'hémisphère nord déjà vainqueur (2003), l'Afrique du Sud et l'Australie, devant l'Irlande et pourquoi pas la France, finaliste surprise en 2011.
Ces équipes tenteront d'abord de traverser sans trop d'encombres la longue première phase, dont le centre d'intérêt sera la "poule de la mort" (A) où Anglais, Australiens et Gallois se disputeront les deux billets en jeu pour les quarts de finale, avec pour arbitre les Iles Fidji.
L'autre grand point d'interrogation concerne l'identité du deuxième de la poule D, qui sera l'adversaire très probable des All Blacks en quart de finale. Cette sombre perspective sera "offerte" au perdant du duel Irlande-France, le 11 octobre à Cardiff.
Les Néo-Zélandais, portés par leurs stars Dan Carter et Richie McCaw, n'auront eux qu'un match relevé face à l'Argentine, dimanche à Wembley, pour prendre leurs marques, avant trois rendez-vous tranquilles (Namibie, Georgie, Tonga).
Ces "sans grade" offriront-ils une opposition suffisante aux All Blacks, hégémoniques depuis leur titre de 2011 (42 victoires, 2 nuls, 3 défaites !), avant les matches décisifs ? En 2007, ils avaient été éliminés par la France en quart de finale à Cardiff après un premier tour (trop) facile. L'Histoire repassera-t-elle les plats ?
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