Mention explicite des Lumières en histoire, fin du jargon: la version quasi-définitive des programmes scolaires du CP à la troisième pour la rentrée 2016, présentée vendredi, devrait répondre aux principales critiques suscitées par la première mouture.
C'est la ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem qui aura le dernier mot, après un nouvel examen des textes en octobre par la communauté éducative.
La réécriture des programmes était prévue dans la loi sur l'école de 2013 de Vincent Peillon, alors ministre. Les textes en vigueur, conçus en 2008, étaient décriés par les enseignants qui les jugeaient encyclopédiques, impossibles à mener à bout dans les temps et conçus sans réelle cohérence entre les matières.
Pour les rénover, un Conseil supérieur des programmes (CSP) a été créé, composé d'experts, enseignants et parlementaires de gauche comme de droite. Mais son premier projet, publié en avril, a déclenché une levée de boucliers chez certains politiques, intellectuels et historiens.
D'aucuns ont dénoncé un enseignement de l'histoire "culpabilisant" et sans chronologie, des thèmes au choix de l'enseignant, une novlangue incompréhensible par les parents Ce débat s'est télescopé avec les critiques adressées à une autre réforme, celle du collège, prévue également pour la rentrée 2016.
La nouvelle copie du CSP est donc très attendue. Les programmes "ne satisferont pas tout le monde - impossible", a prévenu sur Twitter son flegmatique président Michel Lussault.
"Nous avons fait bien plus que de retoucher, nous avons corrigé de fond en comble", a-t-il dit sur Europe 1. Aux craintes que cette réécriture alourdisse finalement des textes qui devaient être allégés, il rétorque que "ces programmes sont faisables".
- Exit 'le milieu aquatique profond standardisé' -
"Nous avons tenu compte de la consultation" des enseignants, "de la rencontre avec les historiens à la Sorbonne, des syndicats, de toutes les critiques, même les plus sévères mais pas des polémistes professionnels", a-t-il déclaré au Journal du Dimanche.
En histoire, le CSP est revenu "à des thèmes obligatoires", dont les Lumières, et non plus au choix de l'enseignant, "tout en insistant sur la liberté pédagogique". Certains avaient dénoncé à tort un remplacement de la chrétienté par l'islam. Les élèves étudieront toujours la naissance et l'expansion de l'islam en cinquième, après avoir découvert le judaïsme et la naissance du christianisme en sixième. Il y aura une mise en perspective avec les empires byzantin et carolingien.
En éducation physique et sportive comme ailleurs, le vocabulaire jargonnant a été proscrit: exit le très raillé "milieu aquatique profond standardisé", remplacé non pas par "piscine", mais par "bassin en eau profonde".
Les n français, le CSP a refusé en revanche d'introduire des listes d'oeuvres littéraires, demandées par des enseignants, mais il a "renforcé les liens entre les thèmes, les genres et les périodes littéraires". Par exemple, le thème de l'amour en quatrième doit être abordé avec des poésies allant de l'Antiquité au 19e siècle, une pièce de théâtre du 17e
De manière générale, les programmes seront plus harmonisés dans leur présentation, avec "deux niveaux de lecture", pour le grand public et pour les enseignants. Ils ne seront plus annuels, mais sur des cycles de trois ans (CP-CE2, CM1-6e, 5e-3e), dont un à cheval entre l'école élémentaire et le collège pour adoucir cette transition.
"Pour la première fois, dans toutes les disciplines, les apprentissages seront continus et homogènes, pour mieux suivre la progression des élèves", explique M. Lussault.
Aux critiques de la députée Les Républicains Annie Genevard, qui a démissionné en août du Conseil en dénonçant une "indépendance de façade", il répond que personne n'a "tenu la plume" du CSP.
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