Des milliers de migrants ont continué d'affluer jeudi en Croatie où les autorités avouent être débordées, maintenant la pression sur l'Union européenne dont les dirigeants se retrouvent la semaine prochaine pour tenter de surmonter leurs divisions face à cette crise.
Au total, 6.200 migrants se trouvaient jeudi sur le sol croate, a précisé Zagreb, qui s'attend à un afflux de plus de 20.000 personnes dans les deux semaines à venir et redoute une situation "hors de contrôle".
Le sommet de l'Union européenne aura lieu mercredi après-midi à Bruxelles, au lendemain d'une rencontre des ministres de l'Intérieur sur le dossier, a annoncé jeudi le président du Conseil européen, Donald Tusk.
Le président français, François Hollande, a mis en garde jeudi contre les "dangers" qui menaceraient l'espace Schengen si un accord n'était pas trouvé en Europe sur l'accueil des réfugiés, dans un entretien accordé à l'AFP.
Selon lui, "on serait alors obligé de rétablir des postes de douane, de contrôle, également dans les moyens de transport, et ce serait la fin de Schengen au sens d'un espace contrôlé qui assurait la liberté de circulation".
Mardi, la chancelière allemande Angela Merkel et son homologue autrichien Werner Faymann avaient demandé la tenue rapide d'un sommet pour s'entendre sur une répartition contraignante de 120.000 réfugiés et aider à résoudre la plus grande crise migratoire sur le continent depuis 1945.
Mais d'autres pays, notamment ceux de l'Est comme la Slovaquie et la Hongrie, continuent de s'opposer fermement à tout quota imposé de migrants.
Ceux-ci ont continué jeudi d'affluer par milliers en Croatie, nouvelle route vers l'Europe occidentale après le verrouillage de la frontière serbo-hongroise, théâtre la veille d'affrontements entre migrants excédés et forces de l'ordre.
Dans la matinée, la petite gare de Tovarnik, ville croate proche de la frontière serbe, était envahie par les migrants qui cherchaient à monter dans des trains pour rejoindre Zagreb et poursuivre leur voyage.
"Il y a entre 4.000 et 5.000 personnes ici. Les trains arrivent mais ils ne peuvent pas prendre tous ces gens", a assuré un porte-parole du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) Jan Kapic.
- 'hors de contrôle' -
Face à cet afflux "les choses sont dans une certaine mesure en train d'échapper à tout contrôle", s'est inquiétée la présidente croate Kolinda Grabar-Kitarovic.
"La Croatie a fait preuve d'humanité" mais "trop de réfugiés entrent sans contrôle", a-t-elle dit.
Des volontaires de la Croix-Rouge distribuaient eau et nourriture en priorité aux centaines d'enfants et de bébés.
"C'est très dur ici. Il y a tellement de gens. Nous ne savons pas ce qui se passe", témoignait Hassan Cheikh-Hassan, un étudiant en droit syrien de 25 ans.
"Nous avons parlé avec la police et ils ne nous laissent pas partir", déplorait Abdullah Janabi, venu avec un groupe de jeunes Syriens originaires d'Alep. "Nous avons de l'argent et des passeports () mais nous sommes pris au piège ici".
Le Premier ministre croate, Zoran Milanovic, a réaffirmé que Zagreb voulait laisser passer les migrants vers d'autres pays.
"Nous ne voulons ni ne pouvons les garder en Croatie. Personne ne peut nous y contraindre. Nos ressources sont limitées", a-t-il déclaré, cité par l'agence croate Hina.
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