Plusieurs centaines d'agents de l'Assistance-Publique Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont réclamé jeudi le retrait du projet de réorganisation du temps de travail lors d'une nouvelle journée de grève, exigeant, en vain, la nomination d'un médiateur.
Les grévistes, qui occupaient la rue de Rivoli à Paris, ont mis fin à leur action en fin d'après-midi, et doivent se réunir vendredi pour décider des suites à donner au mouvement. Quatre manifestations ont déjà eu lieu depuis le début des négociations sur le projet de réforme d'application des 35 heures, voulu par le directeur général Martin Hirsch.
Constatant qu'"il n'y avait plus aucun dialogue social", l'intersyndicale a déclaré à la mi-journée qu'elle refusait désormais de négocier avec M. Hirsch et demandé la nomination d'un médiateur.
A l'appel de la CGT, SUD, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC et Unsa, plus de 1.500 personnes, selon les syndicats, 800 selon la police, s'étaient rassemblés dans la matinée devant le siège de l'AP-HP (IVe arrondissement), dans le centre de la capitale.
La direction a recensé de son côté 8,66% de grévistes.
"Je constate une mobilisation plus faible qu'avant l'été, inférieure à 9%, mais notre objectif reste de faire une réforme qui soit équilibrée, soucieuse des conditions de travail de l'ensemble des personnels, dans un cadre que je souhaite, celui de la négociation", a déclaré Martin Hirsch à l'AFP.
Le taux de grévistes, de 34% lors de la première mobilisation, était retombé à 12,5% le 18 juin. Moins nombreux, les agents ont toutefois voulu créer la surprise jeudi. Après avoir entamé la manifestation annoncée ces derniers jours en direction de Bercy (XIIe arrondissement), ils ont rebroussé chemin rue de Rivoli.
Tentes contenant un brancard, fauteuils médicaux et tensiomètres usagés ont ainsi agrémenté la très commerçante rue, située à proximité de l'Hôtel de ville et du siège de l'AP-HP, a constaté une journaliste de l'AFP.
Brandissant différentes banderoles sur lesquelles on pouvait lire: "Repos préservé, qualité des soins assurée", ou encore "Tu pousses le bouchon un peu loin Martin", un groupe de manifestants s'était dispersé vers la place de l'Opéra pour bloquer la circulation, avant de rejoindre le rassemblement.
- 'Pas le temps de manger' -
Dans leur ligne de mire, le projet de réforme des 35 heures visant les 75.000 agents (hors médecins) des 39 établissements de l'AP-HP, annoncé au printemps par Martin Hirsch, et qui permettrait selon lui "d'économiser plus de 20 millions d'euros" et de "sauver 4.000 emplois par an".
Il s'agit notamment de réduire les plages journalières des agents, qui travaillent majoritairement 7h36 ou 7h50 par jour, à 7h30, un rythme qui entraînerait la perte de trois RTT par an, et d'autres jours de congés propres à l'AP-HP, selon les syndicats.
"On en a marre qu'on touche à nos acquis sociaux", résume Ludivine Dieudonné, infirmière en blouse blanche.
Une autre, employée au service cancérologie digestive de l'hôpital Georges-Pompidou, a un temps de travail de 7h36, mais explique travailler en réalité entre 8h30 et 9h00. "On n'a même pas le temps de manger. On fait systématiquement des heures supplémentaires", raconte la quadragénaire, qui participe à sa 5e journée d'action.
Selon elle, "en 15 ans, les conditions de travail n'ont fait que se dégrader. On avait en charge 6 à 8 patients, maintenant c'est 8 à 12 et parfois même 14".
L'intersyndicale réclame le maintien des journées de RTT et de repos propres à l'AP-HP, comme les repos octroyés pour la fête des mères, ainsi que 10.000 embauches supplémentaires "pour faire face à la hausse d'activité".
Le dialogue s'était rompu au début de l'été, syndicats et direction ne parvenant pas à se mettre d'accord sur des "études de terrain" qui se poursuivent depuis et dont les premiers résultats sont attendus pour fin septembre, selon M. Hirsch.
En contrepartie, une mise à disposition de logements pour les personnels de l'AP-HP a été proposée dans le cadre d'un amendement déposé au projet de loi santé, en cours d'examen au Sénat. Mais elle n'a pas remporté l'approbation des syndicats.
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