L'ancien président de l'OM Jean-Claude Dassier, mis en examen dans le dossier sur les transferts présumés douteux du club marseillais, nie toute malversation financière, estimant ne pas être responsable de l'utilisation de l'argent versé -- légalement selon lui -- lors des transferts.
"Au fond, on nous reproche d'être complices d'agents de joueurs qui se comportent mal", estime M. Dassier, dans un entretien à l'AFP jeudi.
"Mais évidemment, il est difficile de se sentir responsable de ce que les agents font de leur argent", souligne-t-il. "C'est vrai que le marché fonctionne avec l'argent des clubs, Marseille ou autre", reconnaît-il cependant.
M. Dassier, à la tête du club de 2009 à 2011, a été entendu mercredi par le juge d'instruction marseillais Guillaume Cotelle dans le cadre d'une enquête sur 18 opérations de transfert ou de prolongation de contrats de joueurs passés par l'OM, selon une source proche du dossier.
Le JDD, qui avait révélé l'audition de Dassier, mentionnait dimanche les noms de Lucho, Mbia, Diawara, Abriel, Niang, Azpilicueta, Rool, Morientes, Kaboré, Rémy, Gignac, Cheyrou, Ben Arfa et Heinze. La justice soupçonne des opérations surévaluées, qui auraient pu donner lieu à des rétrocommissions indues versées à des agents ou des intermédiaires, au préjudice de l'actionnaire du club, pour un montant de 55 millions d'euros, a expliqué cette même source.
M. Dassier a été mis en examen pour abus de biens sociaux, association de malfaiteurs et faux et usage de faux à l'issue d'une longue audition dans le bureau du juge Cotelle.
A l'origine du dossier, une information judiciaire pour "extorsion de fonds, blanchiment et association de malfaiteurs", ouverte en juillet 2011. Les enquêteurs soupçonnaient à l'époque des extorsions au préjudice du club, sous la forme de versements indus de commissions et rétrocommissions au profit de membres du milieu à l'occasion de transferts importants.
Des perquisitions avaient déjà eu lieu au siège de l'OM en janvier 2013, au cours desquelles des documents avaient été saisis. Les locaux marseillais de l'agent Jean-Luc Barresi avaient également été perquisitionnés. En novembre 2014, puis en janvier 2015, de vagues de mises en garde à vue avait conduit dirigeants de l'OM, intermédiaires et agents de joueurs à s'expliquer devant les enquêteurs, notamment le président du club, Vincent Labrune, et ses prédécesseurs Jean-Claude Dassier et Pape Diouf.
- Réorientation de l'enquête -
Mais l'enquête a entre temps a été réorientée, explique la même source, vers un dossier "plus classique" d'abus de bien sociaux.
C'est ce qui explique que le dossier soit désormais plutôt conduit par Guillaume Cotelle, spécialisée dans les affaires économiques et financières, que par Christophe Perruaux, chargée de la criminalité organisée.
Interrogé sur ce que lui reproche précisément le juge, M. Dassier répond: "Si j'ai bien compris, je suis coupable - en attendant d'autres - d'avoir, parce que nous avons acheté et vendu des joueurs, signé en même temps des conventions d'agents et donc alimenter quelque part un marché où se passeraient des choses répréhensibles".
D'autres dirigeants devraient être entendus par le juge prochainement. Premier d'entre eux, le directeur général de l'époque Dassier, Antoine Veyrat.
M. Dassier, qui dit avoir été "bien traité" par le juge, a estimé que celui-ci ne connaissait pas le milieu du foot -- "il l'a avoué lui-même" --, et a assuré avoir "toujours agi dans l'intérêt du club", prenant l'exemple de l'arrivée de Pierre-André Gignac : "On ne l'a pas acheté hors de prix, c'est faux", a-t-il estimé, mettant en avant son parcours au sein du club.
"Je ne nie pas qu'à Marseille, il y ait une population qui soit parfaitement soupçonnable ou répréhensible", reconnaît volontiers l'ancien dirigeant, pour qui ce n'est cependant pas aux dirigeants de vérifier ce qui se passe dans ce milieu.
"Si ça continue comme ça, il n'y aura plus de candidat à la présidence non seulement de l'OM, mais même des autres clubs", ironise-t-il
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