Quelque 16% des enseignants, selon le ministère de l'Éducation, sont en grève jeudi pour protester contre la réforme du collège, lors d'une journée test pour la mobilisation des opposants qui réclament au gouvernement de revoir sa copie.
Peu après l'annonce du la rue de Grenelle, le Snes, premier syndicat dans le secondaire et fer de lance des "anti", revendiquait un tiers d'enseignants absents dans les salles de classe, selon les remontées de 800 établissements (sur 5.200 sur le territoire).
Une première journée de grève en mai avait été suivie par 27,6% des professeurs de collège selon le ministère, et plus de 50% selon le Snes. La deuxième, en juin, avait rassemblé 11,9% de grévistes selon la rue de Grenelle et plus de 30% selon le Snes.
Syndicat et ministère produisent à chaque mouvement des taux très différents, s'accusant mutuellement de s'appuyer sur des bases de calcul erronées.
Plus d'interdisciplinarité (cours mêlant par exemple le français et l'histoire), autonomie accrue des établissements, accompagnement personnalisé, deuxième langue vivante dès la cinquième mais disparition d'une grande partie des classes bilangues (qui la démarrent en sixième), fin des options latin-grec remplacées par des modules langues et culture de l'Antiquité Autant de mesures prévues pour la rentrée 2016, destinées à "rebooster" le collège et améliorer l'égalité des chances, selon le gouvernement, alors que les études internationales Pisa pointent régulièrement le gros problème du système français: l'origine sociale d'un élève pèse, plus que chez nos voisins, sur son destin scolaire.
Et la ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem l'a encore répété cette semaine: "la réforme a été adoptée et elle s'appliquera".
Pour cette journée "test", le Snes a battu le rappel, au sein d'une intersyndicale composée notamment du Snalc, de FO, de la CGT et de SUD.
Des rassemblements sont prévus à Paris et en province, avant une manifestation en octobre. Le Snalc, syndicat minoritaire mais très opposé à cette réforme, a appelé à manifester le samedi 10 octobre, date à laquelle pourraient se rallier les autres syndicats. Ils espèrent être rejoints par des parents et des élèves.
- 'La réforme s'appliquera'-
Sur Twitter, où s'étaient déchaînés adversaires et partisans avant l'été sous le mot-clé #college2016, l'intensité semble avoir baissé d'un cran.
Le Snes réclame une modification des textes, déjà publiés au Journal officiel. Il refuse l'autonomie accrue, qui creusera selon lui le fossé entre "bons" et "mauvais" établissements et qui pourrait donner plus de pouvoir au principal, au détriment de l'équipe pédagogique.
Les syndicats réfractaires ne veulent pas d'une interdisciplinarité imposée, dans un pays où la journée de classe au collège a toujours été découpée en tranches: une heure, une classe, une discipline. A la différence de nombreux autres pays.
Mais ces organisations ont aussi des conceptions différentes sur les manières d'améliorer le collège: le Snes demande ainsi une baisse des effectifs dans les classes et plus de mixité sociale, là où le Snalc prône de scolariser à part les collégiens les plus faibles dans certaines matières, dans un collège non plus unique mais "modulaire".
Deux syndicats minoritaires soutiennent le "nouveau collège", le SE-Unsa et le Sgen-CFDT. Ce dernier s'inquiète cependant du plan de formation des enseignants qu'il juge insuffisant et tardif. Faute d'effort côté formation, le ministère "se donne presque les moyens de rater sa réforme", prévient son secrétaire général Frédéric Sève.
Du côté du privé, qui devra aussi appliquer la réforme --du moins les établissements sous contrat--, aucun appel à la grève n'a été lancé. Et pour cause, l'enseignement catholique et le syndicat du privé (la Fep-CFDT) soutiennent les textes de la rue de Grenelle.
On observe en tout cas une accalmie du côté des responsables politiques, qui avaient pourtant multiplié avant l'été les déclarations fracassantes, la droite étant alors très mobilisée contre la réforme.
Au lendemain de cette grève, les nouveaux programmes de l'école élémentaire et du collège, qui avaient eux aussi suscité leur lot de polémiques avant les vacances, seront présentés par la ministre. Ces programmes entreront aussi en vigueur à la rentrée prochaine.
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