Deux campements occupés dans des conditions indignes par plus de 500 migrants, dont un installé depuis des mois près de la gare d'Austerlitz, en bord de Seine, étaient évacués dans le calme jeudi matin à Paris, les occupants conduits vers des centres d'hébergement.
Les opérations ont commencé à 06H00, avant le lever du jour. Menées par des travailleurs sociaux, essentiellement de la mairie de Paris et des ONG, sous la surveillance d'un dispositif policier conséquent et devant de nombreux journalistes, elles se poursuivaient deux heures plus tard sur le site du Quai d'Austerlitz, qui regroupait environ 400 personnes.
L'évacuation était en revanche terminée sur le parvis de la mairie du XVIIIe arrondissement (nord), d'où sont partis quelque 200 migrants originaires d'Afrique, installés sous des bâches et des tentes, depuis début septembre.
Ces opérations surviennent au lendemain de l'annonce par le gouvernement d'un déblocage de plusieurs centaines de millions d'euros pour l'accueil des réfugiés et des SDF, lors d'un débat à l'Assemblée organisé après la décision de François Hollande de recevoir 24.000 réfugiés en deux ans, dont un millier en urgence pour soulager l'Allemagne.
Les occupants des campements sont montés peu à peu dans des bus, qui les conduisaient vers des lieux d'hébergement de la région parisienne. Seize cars étaient positionnés aux abords de la gare d'Austerlitz, une dizaine dans le XVIIIe. Selon la mairie de Paris, chaque personne s'est vu proposer un hébergement d'un mois minimum.
"Ce n'est pas une opération de police", insistait à Austerlitz Jean-Sébastien Lamontagne, directeur de cabinet du préfet de la région Ile-de-France, en évoquant une opération de "mise à l'abri".
Peu après 06H30, les migrants commençaient à sortir de leurs tentes, à se débarbouiller avec des bouteilles d'eau et rassembler quelques affaires. "Ils nous ont dit qu'on allait être délogés mais ils ne nous ont pas dit exactement où on allait", s'inquiète Souleymane Diakité, un Malien de 28 ans qui vit depuis "presque un an" sur les quais.
Des documents en français, anglais et arabes leur sont distribués. On leur explique qu'ils vont être hébergés et qu'ils pourront ensuite faire une demande d'asile.
Près de la mairie du XVIIIe, Pascal Brice, de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), s'adresse à eux, chacune de ses phrases traduite en arabe et applaudie. "Des bus vont vous conduire dans des hébergements pour vous accueillir dignement () Vous aurez de la nourriture et l'administration viendra s'occuper de la situation de chacun d'entre vous" , leur dit-il.
- "Des murs et un toit" -
"Je suis tellement content. La vie était dure ici. C'est pas humain. Je reprends espoir même si c'est encore un peu flou", commente aussitôt Moussa, Soudanais de 28 ans. Abderrahmane, 24 ans, lui aussi Soudanais, sourit à l'idée de se "réveiller avec des murs et un toit et pas sur un trottoir avec plein de gens qui (le) regardent".
Les migrants, bonnet ou capuche sur la tête, sacs à la main, attendent patiemment leur tour pour monter dans le bus. En partant, certains font un au revoir de la main à travers les vitres.
Quelques militants sont là. "On est inquiets Les précédentes évacuations ont été des échecs. Certains centres ne sont pas adaptés et certains migrants en sont partis", affirme Thomas, étudiant de 21 ans et membre d'un collectif d'aide aux migrants.
La justice avait donné son feu vert vendredi dernier à l'évacuation du campement d'Austerlitz, qui rassemblait tout récemment près de 200 tentes, autour du pont Charles-de-Gaulle et jusqu'à la Cité de la mode et du design.
La maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), avait assuré que des places avaient été préparées pour mettre à l'abri ses occupants, qui ne seraient pas "laissés dehors" tandis que les cas des Syriens et Irakiens nouvellement arrivés seraient traités rapidement.
Début juin, un autre campement de plusieurs centaines de personnes installé sous la station de métro de La Chapelle, dans le nord de Paris, avait été évacué.
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