C'est le branle-bas de combat. Enfin. Plusieurs années après les drames mortels de Lampedusa, quelques jours après la photo du petit Aylan, l’État et les collectivités se mobilisent.
Les deux régions normandes débloquent 50 000€ d'aide aux associations facilitant l'accueil des réfugiés. Le maire de Rouen Yvon Robert évalue lui à 300 le nombre de réfugiés qui pourraient arriver sur le territoire métropolitain dont 80 à Rouen. Et cela a déjà commencé : "Ici, quelques Syriens sont logés depuis plusieurs mois." Dominique Gambier, le maire de Déville-lès-Rouen, qui a déjà accueilli dans sa commune des familles de réfugiés il y a 15 ans, est prêt : "Cela n'avait créé aucune tension. Je suis prêt à recommencer dès qu'un cadre sera fixé."
Élan de solidarité
Les associations aussi sont prêtes à intervenir. Joseph Schmidt, président du Conseil Départemental de la Société St-Vincent-de-Paul : "Nous avons déjà l'habitude d'aider des clandestins. Nous imaginons peut-être mettre en place une journée de distribution de repas chauds pour les familles de migrants." Si collectivités et associations restent quelque peu dans l'expectative, la société civile a déjà apporté des réponses. Du côté de France Terre d'Asile notamment, on s'enthousiasme devant la "bonne volonté des particuliers". Selon la directrice de l'antenne rouennaise Sophie Toupin, l'association reçoit quotidiennement une dizaine d'appels émanant de volontaires pour héberger des réfugiés. "Des propositions que nous ne sommes malheureusement pas encore en mesure de coordonner", regrette Sophie Toupin. La branche rouennaise, qui a lancé en 2014 un programme de parrainage entre bénévoles et demandeurs d'asile, s'avoue aujourd'hui débordée. "Depuis le premier trimestre, nous enregistrons 143 demandes d'asile par mois contre 90 les années passées. Avec les mêmes moyens", déplore la directrice de France Terre d'Asile. "Environ 800 personnes attendent une place en Centre d'Accueil de Demandeurs d'Asile (CADA)." Les 30 places supplémentaires mises à disposition dès le 1er octobre ne suffiront pas. Une situation intenable qui pousse les citoyens à agir, à l'instar de cette Sottevillaise qui héberge un adolescent érythréen depuis le mois de juin dernier. "Je l'ai trouvé à la gare de Rouen, il était perdu", raconte cette mère de trois garçons. "Faute de place en centre d'hébergement, je l'ai gardé."
Une démarche qui n'est pas isolée, selon France Terre d'Asile : "Nous savons que des particuliers hébergent des primo-arrivants car ils se tournent vers nous. Mais c'est impossible à quantifier." Un sursaut citoyen qui date du printemps dernier, après l'évacuation du camp parisien de La Chapelle suite à laquelle de nombreux migrants se sont rabattus sur Rouen. Bientôt, une nouvelle association devrait naître, en partenariat avec France Terre d'Asile, pour encadrer l'accueil des primo-arrivants par les particuliers. Un mouvement appelé à prendre de l'ampleur dans les prochains mois.
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