Une nouvelle "licorne" est née: le champion français du covoiturage Blablacar a annoncé avoir levé 200 millions de dollars (177 millions d'euros), un montant record pour une jeune pousse hexagonale, rejoignant ainsi le club très fermé des start-up non cotées en bourse évaluées à plus d'un milliard de dollars.
"On se rend compte que l'on crée une demande et qu'il y a un appétit pour Blablacar qui est incroyable. Il faut accélérer cette croissance et on ne veut pas se retrouver contraints par manque de financements", a déclaré mercredi à l'AFP Nicolas Brusson, directeur général et cofondateur de BlablaCar, désormais valorisée à 1,6 milliard de dollars (1,4 milliard d'euros).
La somme collectée, auprès notamment des fonds d'investissement américains Insight Venture Partners et Lead Edge Capital, dépasse le record de 100 millions d'euros établi par la start-up toulousaine Sigfox en février.
Et il ne risque pas de tenir longtemps tant le montant de ses levées de fonds paraissent exponentielles: 10 millions de dollars en 2012, 100 millions de dollars en juillet 2014, et 200 millions aujourd'hui.
Mercredi soir, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a salué sur twitter l'opération de Blablacar.
"Bienvenue chez les (très) grands. Et bravo!", a-t-il écrit.
L'arrivée de ces nouveaux capitaux devrait permettre à Blablacar d'appuyer encore plus fort sur l'accélérateur pour poursuivre son expansion à l'international.
Créé en 2006 sous le nom de "covoiturage.com", la jeune pousse basée à Paris revendique déjà plus de 20 millions de membres dans 19 pays, "sur trois continents", séduits par ce mode de transport économe et convivial.
Son système consiste à mettre en relation des automobilistes proposant un trajet, et des voyageurs, une partie de la somme revenant au site jouant le rôle d'intermédiaire. Les coûts du trajet, essence et péages, sont partagés entre conducteur et passagers.
Parti à la chasse des pays émergents comme la Russie, la Turquie, l'Inde ou le Mexique, après avoir consolidé son règne en Europe, Blablacar vise désormais, dès "début décembre", le Brésil, puis l'ensemble de l'Amérique latine.
"A partir de 2016, on va vraiment mettre les voiles vers l'Asie", ambitionne Nicolas Brusson, qui commence à regarder des marchés comme la Chine ("même si c'est compliqué") ou encore le Japon, la Corée du Sud et l'Indonésie.
- "French Tech" décomplexée -
"Aujourd'hui quand on voit comment on marche en Russie, en Turquie, en Inde ou en Europe, je me dis qu'il n'y a pas vraiment de raisons pour que cela ne soit pas le cas en Asie", espère-t-il.
Si l'entreprise n'est pas "encore rentable", elle enregistre une croissance de son chiffre d'affaires qui "double tous les ans depuis 2010" et préfère continuer à investir rapidement pour maintenir son hypercroisance, avec notamment "huit acquisitions réalisée en trois ans".
Un succès qui ne doit rien au hasard tant Blablacar a su faire preuve d'audace en avalant un à un ses rivaux à l'image de l'allemand Carpooling.com, du hongrois Autohop ou encore du mexicain Ride, en l'espace d'une semaine.
"Finalement c'est peut-être cette culture qui nous manquait en Europe et particulièrement en France. Si on pense rentabilité rapide, on pense court terme, et on créera des petites sociétés. A l'inverse si on pense long-terme, on créé des Google et des Facebook", souligne M. Brusson.
Car à l'instar de Criteo, la perle française de la publicité en ligne, Blablacar s'impose comme l'un des chefs de file d'une "French Tech" de plus en plus ambitieuse et décomplexée.
"On espère que l'on va stimuler d'autres entrepreneurs à lancer leurs +business+. Que les gens aient l'ambition d'aller loin et de créer des sociétés qui soient vraiment des icônes pour la France et pour l'Europe", espère celui qui a passé sept ans dans la Silicon Valley avant de lancer la start-up avec Frédéric Mazzella.
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