Les enseignants opposés à la réforme du collège sont appelés à faire grève jeudi, pour réclamer au gouvernement de revoir sa copie. Après les vives polémiques d'avant l'été, l'ampleur du mouvement reste la grande inconnue de ce premier arrêt de travail depuis la rentrée.
Plus d'interdisciplinarité (cours mêlant par exemple le français et l'histoire), autonomie accrue des établissements, accompagnement personnalisé, apprentissage d'une deuxième langue vivante dès la 5e mais disparition d'une grande partie des classes bilingues (qui démarrent en 6e), fin des options latin et grec, remplacées par des modules langues et culture de l'Antiquité
Autant de mesures prévues pour la rentrée 2016, destinées à "rebooster" le collège et améliorer l'égalité des chances, selon la ministre, alors que les études internationales PISA pointent régulièrement le gros problème du système scolaire français: l'origine sociale d'un élève pèse, plus que chez nos voisins, sur son destin scolaire.
Pour ce premier "test" depuis la reprise des classes, le SNES, premier syndicat du secondaire et fer de lance de la contestation, bat le rappel, au sein d'une intersyndicale composée, entre autres, du Snalc, de FO, de la CGT, de Sud
Comme d'habitude, le SNES et le ministère produiront des taux de grévistes très différents, s'accusant mutuellement de s'appuyer sur des bases de calcul erronées.
Des rassemblements sont prévus à Paris et en province, avant une manifestation en octobre. Le Snalc, syndicat minoritaire mais très opposé à cette réforme, a appelé à manifester le samedi 10 octobre, une date à laquelle pourraient se rallier les autres syndicats. Ils espèrent être rejoints par des parents et des élèves.
-'La réforme s'appliquera'-
Sur Twitter, où se sont déchaînés adversaires et partisans avant l'été, sous le mot-clé #college2016, l'intensité semble avoir baissé d'un cran en ce début septembre.
Le SNES réclame une modification des textes, déjà publiés au Journal officiel. Il refuse l'autonomie accrue des établissements, qui creusera selon lui le fossé entre les "bons" et les "mauvais" établissements, et qui pourrait donner plus de pouvoir au principal, au détriment de l'équipe pédagogique.
La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem l'a encore répété cette semaine: "la réforme a été adoptée et elle s'appliquera".
Les syndicats réfractaires à la réforme ne veulent pas d'une interdisciplinarité imposée, dans un pays où la journée de classe au collège a toujours été découpée en tranches: une heure, une classe, une discipline. A la différence de nombre d'établissements à l'étranger.
Dans le public, deux syndicats minoritaires soutiennent le "nouveau collège", le SE-Unsa et le Sgen-CFDT. Ce dernier s'inquiète cependant du plan de formation des enseignants prévu par le ministère, qu'il juge insuffisant et tardif. Faute d'effort côté formation, le ministère "se donne presque les moyens de rater sa réforme", prévient Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen-CFDT.
Du côté du privé, qui devra lui aussi appliquer la réforme --du moins les établissements sous contrat--, aucun appel à la grève n'a été lancé. Et pour cause, l'enseignement catholique et le syndicat du privé (la Fep-CFDT) soutiennent les textes de la rue de Grenelle.
On observe en tout cas une accalmie du côté des hommes politiques, qui avaient pourtant multiplié avant l'été les déclarations fracassantes, dans un sens ou dans l'autre.
Au lendemain de cette grève, les nouveaux programmes de l'école élémentaire et du collège, qui avaient eux aussi suscité leurs lots de polémiques avant les vacances, seront présentés par la ministre. Comme la réforme du collège, ces programmes entreront en vigueur à la rentrée prochaine.
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