C'était une des dernières grandes figures de la chanson française de l'après-guerre: Guy Béart, auteur de "L'eau vive", fredonnée par des générations d'enfants, est décédé mercredi à l'âge de 85 ans, neuf mois après avoir fait ses adieux à la scène.
Parfois considéré comme un autre grand "B" de la chanson française, dans le sillage des géants Brel, Brassens et Barbara, Guy Béart est mort en fin de matinée à Garches (Hauts-de-Seine) où il résidait.
"Je viens d'avoir ses filles au téléphone, il est décédé ce matin en allant chez le coiffeur. Il est tombé sur le trottoir, il n'a pas pu être ranimé", a indiqué son attaché de presse Fabien Lecoeuvre.
Le chanteur, père de la comédienne Emmanuelle Béart, avait fait ses adieux à la scène en janvier à l'Olympia, une salle où il avait joué pour la première près de 60 ans plus tôt, en 1957. Pour cette dernière, comme pour tous ses concerts, c'est "L'eau vive", ode à la liberté, qui avait été à l'honneur auprès du public.
Cet "amoureux du verbe", qui affirmait continuer à écrire des chansons, était l'une des dernières grandes figures de la chanson française des années 1950, encore incarnée aujourd'hui par Charles Aznavour, apparu en grande forme sur la scène du Palais des sports de Paris mardi soir, et par Juliette Gréco, elle-même en tournée d'adieux depuis le printemps.
La dame en noir de 88 ans a rendu hommage "au grand poète" qui lui avait offert le "magnifique cadeau" d'"Il n'y a plus d'après", chanson écrite spécialement pour elle en 1960.
Des artistes plus jeunes comme Alain Souchon ou Julien Clerc ont également salué un "mélodiste" de talent.
"Il faisait des musiques qui avaient l'air d'avoir existé depuis toujours () ça rentrait dans la tête instantanément, () ça y restait comme les comptines de nos enfants", a estimé Souchon sur RTL.
- 'Un mélodiste de génie' -
Julien Clerc, qui a chanté en duo avec Guy Béart sur la scène de l'Olympia pour ses adieux, a également salué sur Europe 1 "un mélodiste de génie". Il a jugé "géniales" ses "chansons dans l'esprit +feu de camp+", "des chansons faussement simples et dont on se rend compte quand on doit les jouer qu'elles ne sont pas aussi simples qu'elles paraissent".
Cali, admirateur revendiqué de Béart, a évoqué le chanteur "engagé" sur France Info : "C'était quelqu'un qui n'a jamais rien lâché, qui s'est battu. Sa vie, il l'a vécue comme il l'a voulu () et rien que pour ça, c'est un exemple que l'on doit suivre", a-t-il souligné.
Mais la disparition de Béart, mort la même année que ses amis Cabu et Wolinski tués dans l'attentat contre Charlie Hebdo, a également suscité l'émotion hors du monde de la chanson.
Le président François Hollande a rendu hommage à un "auteur, compositeur, interprète incomparable" "à l'oeuvre immense". "Ses refrains sont sur les lèvres des Français de toutes générations", a-t-il ajouté. Pour Manuel Valls, "un morceau de notre culture populaire nous quitte". "Avec lui, c'est une part de notre gaieté qui s'en va", a tweeté le Premier ministre.
"Insensible aux modes et peu enclin aux compromis lorsqu?il s?agissait de défendre ce qui lui était cher, ce qu?il croyait juste, il nous laisse des chansons dont l?un des charmes était aussi de donner à penser", a souligné la ministre de la Culture, Fleur Pellerin.
"Salut à feu Guy Béart qui chantait: +Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté+", a écrit le philosophe Michel Onfray sur les réseaux sociaux alors que l'économiste Jacques Attali s'est souvenu d'un "immense artiste, grand poète, hôte attentif, ami loyal".
Même regret chez les anonymes s'exprimant sur Twitter: le nom de Guy Béart était en tête des sujets les plus discutés en début d'après-midi et sa célèbre altercation à la télévision avec Serge Gainsbourg sur le thème "la chanson, art mineur ou non" largement diffusée.
A Garches, où il résidait, l'heure était à la tristesse. "Lorsqu'il venait se faire coiffer, il était toujours un peu poète", a confié sa coiffeuse chez qui il se rendait lorsqu'il a succombé à un malaise cardiaque.
"Il s'est garé sur la place devant le salon et nous l'avons vu s'effondrer". Ca nous a fait un choc parce que nous le connaissions depuis des années", a-t-elle ajouté.
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