Lorsqu’il raconte son voyage, il sonne encore dans la voix de François Maillard comme un certain dépaysement. Celui d’un rêve un peu fou, imaginé dès la plus tendre enfance : emprunter la Route 66 au volant de la voiture sur laquelle il a appris à conduire et qui, depuis, est devenue l’objet de toutes ses attentions, la Citroën 2CV. "Ma grand-mère en avait une. Nous faisions de la conduite accompagnée dans la campagne", s’amuse-t-il.
À 62 ans, heureux propriétaire de huit 2CV, dont six sont d’avant 1964 et une de 1950 en cours de restauration, cet habitant de Lisieux (Calvados) ne se lasse pas de raconter son épopée de quatre semaines, il y a un an, à l’autre bout du monde. "Avec mon épouse Lilyane, nous avions déjà parcouru pratiquement toute l’Europe en 2 CV", explique-t-il. Quand leur fille s’installe à San Francisco (Californie), le couple y voit un signe pour franchir une frontière : celle de l’océan. "La voiture est partie du Havre, dans un conteneur. Elle a mis quinze jours pour faire la traversée".
La 2CV bloquée à la douane
Arrivée aux États-Unis, la voiture fait une halte par la douane. Classique. Ce qui l’est un peu moins, c’est le temps qu’il aura fallu aux personnels pour fouiller, et donc immobiliser, le véhicule : une semaine! Pas de quoi freiner l’enthousiasme de nos Normands qui finissent tout de même par prendre la Route 66 à raison de 300 kilomètres par jour en moyenne, entrecoupés de nombreuses haltes. "Ce que je retiens, c’est l’immensité des paysages. Contrairement à ce que l’on peut croire, il y a des moments où on ne croise personne. Il y a des coins vraiment désertiques. Je pense en particulier au Nouveau Mexique, il y fait des températures caniculaires. C’est presque oppressant cet isolement! " Fort heureusement, il y eut aussi de beaux et forts moments de fraternité, en partie grâce au capital sympathie que génère la 2CV aux États-Unis. "Pour les Américains, c’est une mobylette! Ou du moins l’antithèse de leurs voitures qui rugissent. Nous avons souvent eu un accueil extraordinaire. Et tous demandaient à voir sous le capot", se souvient-il.
Arrivés à Santa Monica, après avoir gravé dans sa mémoire "les vieux motels, les vieux bars, les vieux garages", François Maillard et son épouse envisagent de vendre sur place leur 2CV pour amortir les frais de ce voyage hors-norme. "Là-bas, ces voitures s’arrachent", assure le Lexovien. C’était sans compter sur leur fille, qu’ils retrouvent un peu plus au nord, à San Francisco. "Elle a demandé à la garder! " Une solution qui n’avait pas été envisagée, celle-ci n’ayant jamais embrassé la passion de ses parents. Un mal pour un bien finalement puisqu’il le reconnaît à présent : "Ça nous aurait fait mal au cœur de la vendre! "
Prochain projet pour le couple de Normands, la petite Route 66 : la Nationale 7. Un peu moins de 1 000 kilomètres, reliant Paris à Menton.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.