Un premier autobus transportant des migrants depuis le sud de la Serbie est arrivé tôt mercredi matin à Sid, près de la frontière avec la Croatie, alors que des centaines d'autres réfugiés espéraient toujours une hypothétique réouverture de la frontière hongroise.
Ce premier groupe de 30 à 40 migrants est arrivé à 04H30 locales (02H30 GMT) à la gare routière de Sid, a rapporté un journaliste de l'AFP. Ils avaient voyagé toute la nuit à bord d'un autobus parti mardi soir de Presevo, une ville du sud de la Serbie proche de la frontière macédonienne, située à quelque 500 km de Sid.
Déterminés à poursuivre leur route vers l'Allemagne, des migrants envisagent désormais de contourner la Hongrie, barricadée derrière une clôture barbelée.
Seuls 367 migrants ont pénétré illégalement en Hongrie mardi, au premier jour d'entrée en vigueur d'une nouvelle législation destinée à endiguer les entrées dans ce pays, et tous font l'objet d'une procédure judiciaire, a annoncé la policei.
Sur ces 367 migrants, 316 sont poursuivis pour avoir endommagé la clôture barbelée érigée à la frontière serbe, et 51 pour l'avoir simplement franchie, des délits désormais passibles de respectivement cinq et trois ans de prison.
Lundi, à la veille de l'entrée en vigueur de la législation, un record de 9.380 migrants étaient entrés en Hongrie.
Mardi soir, au centre d'accueil des migrants de Presevo, des autobus, qui convoyaient jusqu'à présent les migrants vers la Hongrie, affichaient des pancartes avec une nouvelle destination: "Sid". S'ils peuvent entrer en Croatie, les migrants qui désirent se rendre dans le nord de l'Europe devront ensuite traverser la Slovénie.
La plupart des migrants arrivés tôt mercredi à Sid étaient des Syriens ou des Afghans, hommes, femmes et enfants de tous âges. L'un d'eux, Amadou, 35 ans, a déclaré venir de Mauritanie. "Nous avons entendu dire que la Hongrie était fermée, alors la police nous a dit que nous devrions venir par ici", a-t-il dit. Comme d'autres migrants arrivés en même temps que lui, Amadou n'avait auparavant jamais entendu parler de la Croatie et ne savait pas que ce pays fait partie de l'Union européenne.
La veille, la chancelière allemande Angela Merkel et son homologue autrichien Werner Faymann ont demandé la tenue d'un sommet européen extraordinaire pour s'entendre sur une répartition contraignante de 120.000 réfugiés après l'échec lundi des ministres de l'Intérieur des 28.
La principale difficulté sera de convaincre les pays d'Europe de l'Est (Hongrie, République tchèque, Pologne, Slovaquie et Roumanie) réticents jusqu'ici à accepter l'accueil massif de réfugiés dans un effort de solidarité commune. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, va mener des consultations et annoncera sa décision jeudi.
Le Premier ministre slovaque Robert Fico a lui aussi souhaité un sommet de l'UE mais pour y réitérer son refus de se faire "dicter" des quotas.
- 'Nulle part où rentrer' -
Près de 500.000 migrants sont arrivés depuis le début de l'année dans l'Union européenne contre 280.000 pour l'ensemble de 2014, selon les derniers chiffres mardi de l'agence européenne Frontex.
Belgrade a estimé être incapable de gérer le flux de migrants bloqués mardi en Serbie après la fermeture de la frontière par Budapest. "L'idée de renvoyer vers la Serbie tous les migrants alors que d'autres ne cessent d'affluer, en provenance de Grèce et de Macédoine, est inacceptable", a protesté le chef de la diplomatie Ivica Dacic.
"J'exhorte la Hongrie à ouvrir sa frontière aux migrants. Au moins aux femmes et aux enfants", a dit à l'AFP son collègue chargé des réfugiés Aleksandar Vulin, au poste-frontière de Horgos où étaient encore massé une centaine de migrants mardi soir.
A Belgrade même, la plupart des réfugiés interrogés par l'AFP préféraient attendre la réouverture de la frontière hongroise plutôt que de choisir d'autres routes.
"On nous a dit qu'il existait un chemin par la Croatie et par la Slovénie, mais on a aussi entendu que si la police slovène nous attrapait, elle nous renverrait en Serbie, voire en Afghanistan", explique Alisina, un adolescent afghan de 15 ans, qui ronge son frein à Belgrade. "On ne peut pas faire marche arrière. Moi, j'ai perdu ma famille, mes parents, un frère et une soeur. Je n'ai nulle part où rentrer", confie-t-il en éclatant en sanglots.
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