La nouvelle présidente de France Télévisions Delphine Ernotte a averti que le déficit du groupe public pourrait atteindre 50 millions d'euros à l'horizon 2016, après le refus du gouvernement d'un retour de la publicité après 20H00 et d'une hausse de la redevance.
Quelques semaines après sa prise de fonction, fin août, Delphine Ernotte se trouve confrontée à ses premiers obstacles.
A son arrivée, elle avait réclamé plus de moyens, et "demand(ait) fromage et dessert, c'est-à-dire plus de redevance", principale ressource des groupes audiovisuels publics, "et plus de pub".
Mais après plusieurs semaines de réflexion, le gouvernement a finalement choisi de limiter la hausse de la redevance à un euro et de taxer davantage les fournisseurs d'accès à internet, plutôt que de remettre de la publicité après 20 heures sur les chaînes publiques.
"Fromage ou dessert ? Non c'est régime", a réagi dimanche dans un tweet Delphine Ernotte, promettant de ne jamais arrêter de "se battre pour France Télévisions".
Lundi, la nouvelle PDG du groupe audiovisuel public a adressé une lettre à ses administrateurs pour les alerter sur sa situation financière. Elle pointe la dégradation du marché publicitaire qui plombe les comptes de France Télévisions, alors que les "ressources publiques seraient au mieux stables" l'année prochaine.
"La confirmation de ces montants conduirait () à un déficit prévisionnel pour 2016 de l?ordre de - 50 millions, malgré la prise en compte d?hypothèses d?économies par rapport à 2015", ajoute-t-elle.
Courant juillet, France Télévisions avait confirmé que ses pertes pourraient atteindre 10 millions d'euros à la fin 2015, au lieu des 5 millions prévus.
En 2014, la perte nette du groupe s'était élevée à 38,4 millions d'euros.
- "Besoin d'une nouvelle impulsion" -
"Ce déficit chronique doit nous conduire à repenser la stratégie globale et repose la question de notre capacité à remplir l'ensemble de nos missions. Cela fera l'objet d'une discussion en conseil (d'administration) et avec notre actionnaire", avertit la PDG de France Télévisions, où le prochain conseil d'administration est prévu le 15 octobre.
"Mais sans attendre", elle a demandé "à l?ensemble des équipes de préparer un plan d?économies, à l?exclusion de tout nouveau plan de départ". A France Télévisions, on assure que seul le plan de départ volontaires en cours, portant sur 340 postes, se poursuivra jusqu'à fin 2015.
Ce nouveau plan d?économies "viendra s?ajouter aux efforts accomplis entre 2012 et 2015 par l?entreprise, qui auront fait baisser les charges opérationnelles de 70 millions d?euros et les effectifs de l?entreprise commune de 740 équivalents temps plein, soit -7%", explique Delphine Ernotte.
"C'est extrêmement inquiétant", a réagi Marc Chauvelot, élu CGT de France Télévisions. "Un plan d'économies qui ne touche pas à l'emploi ? Je demande à voir. Si c'est pour faire des non-remplacements des départs à la retraite, ça revient au même !"
"C'est pas ça qui est attendu de la nouvelle présidente de France Télévisions. On a besoin d'une nouvelle impulsion !", a-t-il déclaré à l'AFP.
De son côté, Serge Cimino, délégué SNJ de France Télévisions, a parlé d'une "mystification entre une PDG qui joue les volontaristes et sa tutelle qui la rappelle à l'ordre. Tout ça était déjà prévu".
Pour l'expert des médias Philippe Bailly, du cabinet NPA Conseil, le courrier de Delphine Ernotte "tire les conséquences de la non-décision de l'Etat" et ses leviers d'actions pour réaliser des économies, sans nouveau plan de départ, sont assez réduits.
"Soit on réduit les obligations de France Télévisions dans la production audiovisuelle", le groupe devant financer un quota de programmes pour soutenir ce secteur, "mais ça reviendrait à reporter ses difficultés sur les producteurs; soit on remet en cause une des chaînes, mais ça paraît délicat politiquement", résume-t-il.
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