Manuel Valls a défendu mardi devant l'Assemblée nationale l'engagement français en Syrie, limité à l'aviation, en excluant à nouveau toute intervention terrestre occidentale même si la France "soutiendrait" celle d'une coalition "de pays de la région".
La France "choisira seule" les objectifs à frapper, a affirmé le Premier ministre aux députés, précisant que les "vols de reconnaissance" nécessaires dureront certainement "plusieurs semaines" et prévenant qu'"il est hors de question" que les frappes contribuent "à renforcer le régime de Bachar al-Assad".
Députés et sénateurs débattaient simultanément mardi après-midi, mais sans voter, de l'engagement militaire français en Syrie et des frappes aériennes contre le groupe Etat islamique que le président François Hollande a jugées nécessaires la veille.
Il y a une semaine, François Hollande avait ordonné à l'armée française de mener des opérations aériennes de renseignement au-dessus de la Syrie comme elle le fait depuis un an en Irak, avec à la clé de possibles frappes contre des centres de commandement ou d'entraînement de El.
La France, avait-il argumenté, veut connaître "ce qui se prépare contre elle et ce qui se fait contre la population syrienne", dans une allusion aux menaces d'attentats sur le territoire hexagonal.
"La donne a changé et nous ne pouvons plus nous permettre de laisser la Syrie, principal repaire de Daech, demeurer un angle mort de notre politique au Levant", a renchéri lundi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour justifier ce changement stratégique.
Jusqu'alors, la France s'était interdit d'intervenir militairement en Syrie au motif qu'elle craignait que cela ne serve les intérêts du président syrien Bachar al-Assad dont Paris réclame le départ, le jugeant principal responsable de la guerre dans son pays.
- Fortes divisions sur l'envoi de troupes au sol -
Plusieurs médias ont fait état de dissensions entre Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian à ce sujet, démenties par les intéressés. A l'inverse de la Défense, "il y avait une sorte de résistance au Quai d'Orsay qui faisait qu'on mettait blanc bonnet-bonnet blanc Bachar al-Assad et Daech", a affirmé mardi le député PS François Loncle.
Si l'initiative de l'Elysée n'a suscité aucune opposition franche, plusieurs groupes ont émis des réserves ou conditions, la droite ou le Front de Gauche plaidant ainsi pour une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.
"Une fois encore en Syrie, la France fait fausse route, en envisageant des bombardements aériens en dehors de tout mandat de l?ONU et sans qu?aucune feuille de route politique de sortie de crise ne soit esquissée", a ainsi lancé le numéro un du PCF et sénateur Pierre Laurent à la Fête de l'Humanité. "Un cavalier seul de la France en Syrie ne ferait qu'éloigner la perspective d'une grande coalition contre Daech, notamment avec les Russes", a regretté mardi le patron des députés Front de Gauche André Chassaigne.
Un sujet divise encore plus: l'intervention de forces au sol en Syrie.
Si l'ex-ministre Bruno Le Maire (Les Républicains) prône l'envoi de quelques troupes françaises au sol pour combattre Daech dans une coalition internationale sous l'égide de l'ONU, d'autres élus LR y sont opposés, comme Pierre Lellouche, pour lequel l'intervention de "forces occidentales" terrestres serait aujourd'hui "une folie".
Dès sa conférence de presse, François Hollande avait jugé "inconséquent et irréaliste" des troupes françaises au sol. Manuel Valls a de nouveau exclu mardi toute intervention terrestre française ou occidentale, mais indiqué qu'une éventuelle coalition de pays voisins intervenant pour "libérer la Syrie" de El aurait "le soutien de la France".
Devant les députés LR mardi, Nicolas Sarkozy a déclaré qu'"il ne faut pas d?intervention au sol tant que nous n?avons pas de soutien sur place, ni le soutien militaire des armées des pays voisins".
La droite a également réclamé une coopération accrue avec Moscou, qui procède à un renforcement de ses moyens militaires en Syrie. François Fillon a plaidé mardi pour, "avec la Russie et l'Iran, faire une opération massive pour éliminer l'Etat islamique" et même "aider le régime de Bachar el-Assad qui, avec tous les défauts qui sont les siens, est sur le point de tomber".
Une partie des Républicains prône aussi une reprise du dialogue avec Bachar al-Assad, perspective rejetée par François Hollande comme Nicolas Sarkozy.
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