La justice a estimé lundi que Guy Bedos était "dans son registre habituel" d'humoriste lorsqu'il a traité Nadine Morano de "conne" lors d'un spectacle, et l'a donc relaxé, mais l'eurodéputée (Les Républicains) a annoncé qu'elle faisait appel.
Le tribunal correctionnel de Nancy a notamment jugé que le comédien de 81 ans était resté dans "la loi du genre" en tant que comique, et qu'il n'avait "pas dépassé ses outrances habituelles" en insultant copieusement l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy, en octobre 2013 devant 1.300 spectateurs, dans son fief électoral de Toul (Meurthe-et-Moselle).
"Nadine Morano a été élue ici à Toul? Vous l'avez échappée belle! On m'avait promis qu'elle serait là Quelle conne!" avait notamment lancé l'artiste sur scène, entre autres injures à l'intention de l'élue lorraine.
"Je demande à mon avocat de faire appel de cette décision" de relaxe, a indiqué sur Facebook Mme Morano, 51 ans.
"Je revendique le droit au respect comme chaque citoyen. Je n'accepte pas les insultes répétitives dont je suis l'objet de la part d'un homme qui se réfugie derrière son statut de bouffon pour déverser son flot d'injures à mon encontre", a-t-elle expliqué.
Lors de l'audience, le 7 septembre, le procureur Pierre Kahn avait estimé que "la limite (avait) été franchie" lors du spectacle de 2013. Poursuivi pour "injure publique", l'humoriste encourait 12.000 euros d'amende.
Guy Bedos et Nadine Morano s'étaient croisés à l'audience. Il lui avait tendu la main, elle l'avait refusée, arguant qu'ils n'étaient "pas au théâtre". "Pour moi, c'est une salle de spectacle"! lui avait répondu le comique.
- "Je m'en tape" -
Guy Bedos avait récusé toute misogynie, tandis que l'élue l'accusait de lui vouer une "animosité personnelle".
Après quoi, le tribunal s'était donné une semaine pour trancher.
Dans l'intervalle, Guy Bedos avait renouvelé ses insultes, samedi dans l'émission "On n'est pas couché" sur France 2.
Nadine Morano lui réclamait 15.000 euros de dommages et intérêts, qu'elle souhaitait verser à des associations de lutte contre les violences faites aux femmes.
"15.000 euros quand même! 15.000 euros! Ça ne va pas non? Connasse!" avait dit M. Bedos sur le plateau de Laurent Ruquier, suscitant des rires dans le public.
Lundi, l'avocat du comédien a affiché sa satisfaction après la décision de relaxe. "Nous sommes tous très contents, Guy Bedos le premier, de cette décision qui n'est, cela dit, pas très surprenante", a réagi Me Benjamin Domange.
"Il s'agissait d'un sketch sur scène concernant une personne publique. Il n'y avait ni atteinte à la vie privée ni intention de nuire. Le tribunal a rappelé cela en se référant à la loi du genre", a-t-il expliqué.
Mme Morano a donné "l'occasion à un tribunal de réaffirmer l'espace fondamental de liberté d'expression que délimitent les lois du genre du discours humoristique", s'est également félicité l'autre défenseur du comédien, Me Stephane Cherqui.
L'humoriste, lui, a préféré réagir avec indifférence à la décision de relaxe. "Nadine Morano, je m'en tape", "c'est un être facultatif", a-t-il affirmé lundi soir sur le plateau du Grand Journal de Canal+.
"Même sa région ne lui était pas favorable puisque j'ai été relaxé" à Nancy, a-t-il ajouté.
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