Le 4e Festival international du film grolandais s'ouvre lundi à Toulouse, avec la projection d'une soixantaine de films sur une semaine célébrant la "subversion joyeuse" de la "présipauté du Groland", fondée par l'équipe de l'émission satirique de Canal+.
"L'année dernière, le Groland a annexé l'occitanie, et cette année il vient lever l'impôt", résume en souriant le dessinateur toulousain Jiho, co-organisateur du festival.
Pour ce faire, le "président" Christophe Salengro viendra "en personne collecter l'impôt" samedi prochain place du Capitole, les spectateurs étant invités à remplir de billets sa "baignoire personnelle". Des billets "de 99 Eugros, parce qu'on n'est pas assez riche pour le 100", précise-t-il.
Emanation du Groland, pays fictif inventé il y a 23 ans par l'équipe de l'humoriste Jules-Edouard Moustic, le "Fifigrot" s'ouvre sur fond de remaniements au groupe Canal+, sous l'égide du nouveau patron Vincent Bolloré.
Le festival, qui se tient jusqu'au 20 septembre, est avant tout un festival de cinéma, "septième art trois-quart" ou "position assise permettant de vivre un rêve éveillé tout en buvant de l'alcool de pneu", selon l'éditorial de son président, Benoît Delépine.
Dans la sélection officielle cette année, la dérive sanguinaire d'un jeune britannique dans le milieu de la musique des années 1990 ("Kill your friends"), l'odyssée bancale de trois personnages à travers la Suisse et la Belgique ("Milky Way") ou encore un monde où toute personne célibataire a 45 jours pour trouver l'âme soeur sous peine d'être transformée en animal ("The Lobster").
La "critique sociale" mais aussi le "côté décalé, parfois complètement déjanté, étrange", ont présidé à la sélection des films, selon Maxime Lachaud, programmateur.
En témoignent notamment "Sous-sols" de l'Autrichien Ulrich Seidl, "un film sur les gens et les sous+-sols, et sur ce que les gens font dans les sous-sols", ou encore "The Other Side", de l'Italien Roberto Minervini, une "description poignante" de "la dérive d'un groupe de personnes tout à fait en marge de la société américaine, un revenu d'Afghanistan, un drogué, un punk", estime Gérard Trouilhet, membre de l'équipe du festival.
-Pacte grolandais de responsabilité-
Hors-compétition, l'équipe a programmé une thématique baptisée le "Pacte grolandais de responsabilité", avec dix films "qui permettent de regarder les relations au sein des entreprises d'une façon un peu décalée, différente, de ce qu'on nous présente d'habitude", précise M. Trouilhet.
Les projections "Grol'art" cherchent à cerner les "excentriques des milieux artistiques", avec notamment "Giscard, le grand art", des Français Catherine Aira et Yves Le Pestipon, qui prend le parti de considérer l'ancien président de la République comme "un artiste contemporain" et non comme un homme politique.
Dans un autre registre, le "Fifigrot" se penche sur le cinéma pornographique avec les "Annales du Q", et sur la radicalisation violente en Allemagne et au Japon dans "Lutte armée".
Il rend aussi hommage au cinéma avec un documentaire de Bernard Pavelek, qui filme "depuis 1986 les vieilles salles de cinéma qui ferment", et avec "La Chambre interdite" de Guy Maddin, "une sorte de cadavre exquis" inspiré de films abandonnés par des réalisateurs, selon M. Lachaud.
"On sait très bien que ce ne sont pas des films qui vont faire du box office, mais avec un peu de chance, une chaîne de télé va pouvoir les acheter, ou un distributeur les distribuer, ce qui est déjà arrivé par le passé", estime Jiho, qui a l'espoir de "donner une chance" à des films qui ne trouvent pas leur place ailleurs.
Le jury, présidé cette année par l'acteur Benoit Poolevorde, remettra "l'Amphore d'or du meilleur film grolandais", aux côtés d'une "Amphore du peuple" décernée par les spectateurs et du "prix Michael Kael", du nom du personnage de reporter cynique de Benoit Delépine.
Courts-métrages et livres sont aussi en compétition, alors que des conférences, concerts, expositions et rencontres littéraires seront organisés en une trentaine de sites à travers la ville. "Un gros gâteau avec des tas d'ingrédients", résume Jiho, qui a réuni 25.000 personnes l'année dernière.
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