Un commando taliban a libéré des centaines de combattants présumés lundi au terme d'un raid meurtrier contre une prison du centre du pays et grâce à un tunnel "d'un kilomètre" creusé pendant des mois pour faciliter cette évasion spectaculaire.
Ce raid contre une prison de la province de Ghazni rappelle la libération en 2011 de 500 combattants par un commando taliban dans la province de Kandahar (sud), un bastion de la rébellion islamiste armée, qualifiée à l'époque de "désastre" sécuritaire par les autorités locales.
Lundi, "vers environ 02h30, six talibans vêtus d'uniformes militaires ont attaqué la prison de Ghazni", a dit à l'AFP le gouverneur adjoint de la province de Ghazni, Mohammad Ali Ahmadi. "Ils ont d'abord fait exploser une voiture piégée devant la porte de la prison, puis tiré une roquette et fait irruption dans la prison", a-t-il ajouté.
Un total de 355 prisonniers sur les 436 écroués dans cette prison ont été libérés, a indiqué le ministère afghan de l'Intérieur dans un bilan officiel. Les autorités afghanes n'ont pas précisé l'identité des personnes libérées mais souligné qu'environ la moitié d'entre elles avaient été impliquées dans des "crimes sécuritaires".
Cette attaque d'envergure a fait au moins quatre morts, tous des policiers, et une dizaine de blessés, selon différents responsables.
Les talibans ont aussitôt revendiqué cette opération dans un communiqué, affirmant que la prison était tombée "sous leur contrôle" au terme de "plusieurs heures" de combats.
Les prisonniers, tous des insurgés dont une centaine de commandants selon les talibans, ont ensuite emprunté un tunnel "d'un kilomètre de long", creusé pendant "cinq mois", afin de s'évader de la prison, ont soutenu les insurgés, précisant que les fugitifs avaient été transportés dans une zone sous leur contrôle.
- Des munitions pour le mollah Mansour? -
Cette évasion massive intervient au moment où les talibans intensifient leurs attaques contre les forces gouvernementales et les cibles étrangères dans l'espoir, selon des analystes, d'accroître l'ascendant de leur nouveau chef, le mollah Akhtar Mansour, dont le couronnement rapide ne fait pas l'unanimité au sein de la rébellion.
Le mollah Mansour a succédé officiellement au mollah Omar après l'annonce à la fin juillet de son décès, et au terme d'un processus "trop rapide" et "non consensuel" dénoncent certains commandants qui reprochent en outre au nouveau chef sa proximité avec le Pakistan, accusé de souffler le chaud et le froid sur la rébellion.
Face à cette colère, le mollah Mansour ne cesse d'appeler à l'"unité" du mouvement taliban, qui s'était engagé dans des pourparlers de paix avec le gouvernement afghan sous l'égide du Pakistan tout en menant une très violente offensive estivale dans tout le pays.
Le mollah Mansour est resté vague sur ses intentions quant aux pourparlers de paix, priant ses troupes de ne pas croire la "propagande de l'ennemi" qui entoure ces négociations, tandis que les talibans ont mené une série d'attentats sanglants en plein coeur de la capitale Kaboul.
Le président afghan Ashraf Ghani, qui s'était démarqué de son prédécesseur Hamid Karzaï en opérant un rapprochement avec le Pakistan pour qu'il tente de convaincre les insurgés de joindre un processus de paix, a depuis les attaques de Kaboul accusé Islamabad d'être lié à cette vague de violence ce que les autorités pakistanaises ont nié.
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