La crise migratoire en Europe s'est spectaculairement aggravée dimanche: après leur avoir ouvert grand ses portes l'Allemagne a réintroduit des contrôles à ses frontières pour "contenir" l'afflux des dizaines milliers de réfugiés, suspendant la libre circulation dans l'espace européen.
Ce flux de migrants ne se tarit pas et continue de susciter des drames aux portes du continent : trente-quatre personnes, dont quatre bébés et onze enfants, sont encore morts noyés dimanche en Méditerranée, dans le naufrage de leur embarcation au large de l'île grecque de Farmakonis à 15 km des côtes turques.
"L'Allemagne introduit provisoirement des contrôles à ses frontières, en particulier avec l'Autriche", point de passage privilégié des réfugiés vers l'Allemagne, a déclaré à la presse le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière à Berlin.
Ces deux pays appartiennent à l'espace Schengen qui fonctionne comme un espace unique sans contrôle obligatoire des frontières internes.
Cette décision a été rapidement mise en oeuvre.
Dans la soirée plusieurs centaines de policiers (1.200 selon le quotidien allemand Bild Zeitung) ont commencé à se déployer le long de la frontière. Ils contrôlaient systématiquement voitures et passants, a constaté l'AFP au point de passage de Freilassing (sud-est).
Sur place, les policiers ont intercepté trois Syriens et leur ont demandé de rester sur le bord de la route en attendant que soit statué sur leur sort, a observé l'AFP
Le tour de vis de Berlin est intervenu à la veille d'une rencontre à Bruxelles des ministres de l'Intérieur des 28 sur la question hypersensible de la répartition des réfugiés entre pays membres.
- durcissement -
L'annonce de Berlin marque un net durcissement de la position allemande.
Le pays avait décidé fin août de faire une entorse aux règles européennes au profit notamment des Syriens fuyant la guerre et qui, entrés illégalement, n'ont plus été renvoyés dans leur pays d'arrivée dans l'UE.
Cette mansuétude est désormais remise en cause. Les demandeurs d'asile doivent comprendre "qu'ils ne peuvent se choisir les Etats où ils chercheront protection", a prévenu le ministre allemand, alors que son pays attend un record de 800.000 demandeurs d'asile cette année.
Berlin entend en revenir à un stricte application des règles européennes: les demandes d'asile doivent être déposées dans le premier pays d'entrée de l'UE.
Sur ce point Berlin a reçu le soutien de Paris, qui a appelé au "respect scrupuleux par chacun des pays de l'Union européenne des règles de Schengen". "C?est faute de leur respect que l?Allemagne a décidé d?établir temporairement des contrôles à ses frontières", a déclaré le ministre français de l'Intrieur.
Le trafic ferroviaire entre l'Allemagne et l'Autriche a été suspendu.
La République tchèque a elle aussi annoncé le renforcement des contrôles à sa frontière avec l'Autriche, tout comme la police hongroise qui a déclaré l'"état d'alerte" pour ses effectifs dans le sud et l'ouest du pays, frontaliers de l'Autriche et de la Slovénie.
La chancelière allemande Angela Merkel, après avoir fait montre de générosité, a finalement effectué une volte-face en raison notamment des difficultés logistiques croissantes pour accueillir les demandeurs d'asile.
La principale porte d'entrée en Allemagne, la ville de Munich, est proche de la saturation, avec 63.000 réfugiés en deux semaines arrivant par les Balkans et l'Europe centrale.
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