"On est aux anges !": la gauche militante britannique réunie en congrès syndical saluait avec enthousiasme dimanche la victoire de Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste, promettant de redoubler d'ardeur pour mettre à bas une austérité honnie.
Coïncidence du calendrier, la grand-messe annuelle de la grande confédération syndicale britannique, le Trade Union Congress (TUC), s'est ouverte ce dimanche à Brighton, une station balnéaire du sud-est de l'Angleterre, le lendemain du triomphe de Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste (centre gauche).
De fait, "Jeremy" est dans toutes les discussions au centre de conférence où le mouvement syndical a pris ses quartiers, aux côtés d'une cohorte d'associations, mouvements pacifistes ou de solidarité internationale de la gauche britannique.
"C'est une nouvelle formidable. Le débat politique va tourner à gauche et on va parler de l'aide aux réfugiés, de renationalisations, du sauvetage de la NHS", le service public de santé, jubile Andrea Butcher, en préparant fébrilement le présentoir de la librairie du congrès où les pamphlets anti-austérité côtoient des essais anticapitalistes.
Pour la plupart des militants venus à Brighton, l'arrivée de M. Corbyn et de ses idées résolument à gauche à la tête du principal parti d'opposition constitue une véritable bouffée d'oxygène, après une vingtaine d'années phagocytées par la domination des blairistes du "New Labour", radicalement centriste.
"On est aux anges !", rayonne David Sharkey, 27 ans, un responsable du quotidien socialiste Morning Star qui, pour l'occasion, a publié la toute première édition dominicale de ses 85 années d'existence - arborant en une le visage d'un Jeremy Corbyn tout sourire.
"Le mouvement syndical a créé le Parti travailliste mais dernièrement il avait été relégué au second plan au sein du parti. Cette fois il a prouvé qu'il fallait encore compter sur lui" pour peser sur le débat politique, prévient-il.
- Le plus dur reste à venir -
Plusieurs des principaux syndicats du TUC affiliés au Parti travailliste, notamment Unite (secteur privé) et Unison (secteur public), ont en effet mis tout leur poids derrière M. Corbyn pour qu'il prenne la tête du Labour et conduise une opposition plus pugnace aux conservateurs au pouvoir.
Même des syndicats non membres saluent ce succès, perçu comme important face à la politique d'austérité du Premier ministre David Cameron.
"Nous souhaitons très chaleureusement la bienvenue à Jeremy Corbyn", clame ainsi Nick Mc Carthy, un responsable du Public and Commercial Services Union, avant de filer à la gare accueillir Yanis Varoufakis, l'ancien ministre grec des Finances omniprésent aux côtés des mouvements européens favorables à une politique de relance.
"Seul un cynique invétéré ne serait pas impressionné par la manière dont la campagne a décollé, et particulièrement la manière dont les jeunes se sont enthousiasmés dans l'engagement politique", se réjouit aussi Frances O'Grady, la numéro un du TUC, tout en prévenant que les travaillistes devaient désormais "regagner la confiance des gens ordinaires".
Le sentiment émerge en effet que seul le plus facile a été accompli pour M. Corbyn et ses proches. "Il va y avoir maintenant une bataille difficile contre la bureaucratie blairiste", attend Mark Best, du Parti Socialiste, une composante du Parti travailliste exclue dans les années 1990.
"La seule façon pour Jeremy Corbyn d'appliquer son programme sera de mobiliser et de s'appuyer sur le mouvement" populaire qui l'a fait gagner, juge ce jeune militant.
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