Alain Juppé a effectué une visite surprise au campus des jeunes Les Républicains au Touquet, sans y croiser Nicolas Sarkozy qui a riposté sur le terrain de la primaire en proposant que tous les candidats s'engagent sur un "projet d'alternance commun".
Devant près de 1.500 personnes qui l'ont acclamé à plusieurs reprises, scandant "Hollande en Corrèze, Sarkozy à l'Elysée", le président des Républicains a annoncé qu'il y aurait "avant la primaire (prévue en novembre 2016) un projet d'alternance, qui engagera tous ceux qui seront candidats le moment venu".
Bien qu'il ait répété vouloir "protéger les régionales de la primaire", l'ex-chef de l'Etat et plus que probable futur candidat en novembre 2016, a insisté sur cette échéance, d'où sortira celui qui représentera sa famille politique à la présidentielle.
"Il va falloir que nous nous mettions d'accord" pour "une alternance préparée ensemble", a-t-il affirmé. "Ca ne veut pas dire que tel ou telle ne pourra pas aller plus loin, ou moins loin, mais tout ne doit pas être dans l'ego, dans la personne, dans les matches. On le doit à la France" qui "souffre" et est "inquiète".
Rappelant "le spectacle honteux" de la guerre Copé/Fillon de fin 2012 ou encore "le spectacle ridicule des divisions des socialistes", il a lancé: "nous ne pouvons pas donner le spectacle de divisions dérisoires".
Tout à sa volonté de se poser en rassembleur, M. Sarkozy a tenu à "remercier" Alain Juppé, candidat à la primaire, de sa visite surprise au campus, en milieu de journée. Les deux hommes, au coude à coude dans les sondages, ne se sont toutefois pas croisés, le maire de Bordeaux était déjà reparti quand il est arrivé.
M. Sarkozy s'est félicité que dans sa famille politique, "on soit assez digne, assez intelligent, pour se comprendre, pour s'accepter, faire comme si on s'entendait très bien. Je vous assure qu'on finit par le croire", n'a-t-il pu s'empêcher d'ajouter, faisant rire le public.
- "Ministère de l'autorité" -
Il n'est pas sûr que la visite impromptue de M. Juppé, qui en a profité pour parler aux jeunes de "l'alternance", des régionales, des réfugiés, autant de sujets développés quelques heures plus tard par l'ex-chef de l'Etat, ait été appréciée par ce dernier.
"Quand on fait des surprises, c'est qu'on n'est pas bien à l'aise. Sinon, M. Juppé n'avait qu'à dire avant qu'il allait venir", disait-on dans son entourage. M. Juppé aura toutefois échappé aux sifflets qu'il avait essuyés lors du congrès fondateur des républicains.
Comme il l'a fait cette semaine dans Le Figaro puis sur TF1, Nicolas Sarkozy a de nouveau plaidé pour "une nouvelle politique d'immigration européenne" et une "refondation de Schengen".
Il a réaffirmé qu'il fallait distinguer entre "migrants économiques, réfugiés politiques et réfugiés de guerre", ces derniers ayant vocation à rentrer chez eux une fois la paix revenue.
"Il faut former une armée de libération de la Syrie, avec des Syriens", a-t-il également affirmé.
Après avoir à plusieurs reprises critiqué le gouvernement et François Hollande, M. Sarkozy a lancé: "à sa place, j'envisagerai autre chose dans un an et demi". C'est probablement en pensant à lui qu'il a fait un savoureux lapsus, parlant du "campus du Bourget" au lieu de "campus du Touquet".
La question des réfugiés a également été abordée par Xavier Bertrand, tête de liste de la droite et du centre aux régionales de décembre, qui a pris la parole juste avant M. Sarkozy. "Je ne lâcherai pas Calais", là où se trouvent quelque 1.500 réfugiés, "les Calaisiens aspirent à la tranquillité". Il a donné quelques minutes la parole à Natacha Bouchart, la maire de Calais, qui a affirmé que la ville était devenue "une zone de non-droit".
De retour au pouvoir, la droite devra former "un ministère de l'autorité", rassemblant "le ministère de la Justice et celui de l'Intérieur", a dit M. Bertrand.
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