Jugé pour le meurtre "odieux" de son fils Bastien, enfermé dans un lave-linge en marche, Christophe Champenois pourrait passer le reste de ses jours en prison, un sort qui sera épargné à son ex-femme si la cour d'assises suit les réquisitions du parquet.
L'avocat général, Eric de Valroger, a requis vendredi devant la cour d'assises de Seine-et-Marne une très lourde peine à l'encontre du père du petit garçon de trois ans et demi: la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 30 ans.
Poursuivi pour "meurtre aggravé", Christophe Champenois, 36 ans, est accusé d'avoir tué son fils le 25 novembre 2011 à Germigny-l'Evêque (Seine-et-Marne), au prétexte qu'il n'avait pas été sage à l'école.
Et cela, selon un mode opératoire "particulièrement ignoble": en l'enfermant dans le lave-linge familial, lancé sur le programme essorage.
Le représentant du ministère public a en revanche demandé à la cour, qui doit rendre son verdict dans la soirée, d'acquitter son ex-femme, Charlène Cotte, 29 ans, du chef de "complicité de meurtre". Il a cependant requis cinq ans de prison pour "violences" à l'encontre de la jeune femme, qui a déjà passé trois ans en détention provisoire.
M. de Valroger a considéré que si elle n'avait pas, comme elle le prétend, tenté de s'interposer pour empêcher son conjoint de perpétrer le meurtre, elle n'en était pas pour autant complice.
Avant que la cour ne se retire pour délibérer, la parole a été donnée une dernière fois aux accusés.
"Mon fils, je l'ai aimé, je n'ai pas voulu sa mort", a déclaré Charlène Cotte. "J'ai fait ce que je pouvais. D'habitude, j'arrivais à calmer Monsieur mais ce jour-là, sa haine a été plus forte", a-t-elle ajouté.
Quant à Christophe Champenois, il a assuré, d'une voix chevrotante qu'il avait "vraiment" aimé son fils.
- "L'horreur totale" -
Avant de prononcer ses réquisitions, M. de Valroger avait une dernière fois livré le récit détaillé de ce "crime odieux": "le noir, les secousses, les accélérations, les décélérations, l'horreur totale"
Puis, s'adressant à l'accusé, qu'une tumeur bénigne au cerveau obligeait à rester assis dans le boxe: "Vous saviez, Christophe Champenois, que vous alliez tuer Bastien, vous saviez, en mettant en marche la machine à laver, que votre fils allait souffrir et que son martyre allait être insoutenable", a-t-il martelé.
C'est à son avocat, Jean-Christophe Ramadier, qu'a échu le "terrible privilège" de conclure les plaidoiries. Critiquant la "peine de mort sociale" requise contre son client, il a rappelé son enfance malheureuse et chargé son ex-femme, lui reprochant d'avoir "allumé la mèche" en racontant que Bastien avait encore été "méchant" à l'école.
Si Christophe Champenois voulait "se débarrasser de Bastien, pourquoi il appelle les gendarmes, pourquoi ils vont pas cacher le corps dans la forêt comme on le voit dans d'autres affaires sordides?", a-t-il interrogé.
Me Gérard Zbili s'est au contraire efforcé de convaincre la cour que sa cliente, qu'il a décrite comme une femme tyrannisée par son conjoint, qui la "tabassait pour un oui ou pour un non", n'était en rien complice des faits.
Dans cette affaire, "celui qui dit vrai sans compassion, c'est l'avocat général", a commenté l'avocat, saluant en lui un "honnête homme".
Ces quatre longues journées d'audience ont été marquées par des moments intenses, comme la projection de l'audition filmée de la grande s?ur de Bastien ou les témoignages de la directrice de l'école et de l'éducateur de Bastien qui, quatre ans après les faits, semblaient toujours aussi dévastés par ce qui s'était passé.
Témoins et experts psychiatriques ont dit leur "perplexité" face à l'énigme Charlène Cotte, qui est restée prostrée tout le temps de son procès, comme absente à ce qui s'y jouait.
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