Les quelque 800 salariés du constructeur automobile Smart France à Hambach (Moselle) ont choisi à 56% vendredi de revenir aux 39 heures de travail hebdomadaires en échange d'un maintien de l'emploi jusqu'en 2020, lors d'une consultation regardée avec attention par le monde politique.
Le scrutin, marqué par 93% de participation, a cependant révélé un clivage parmi les salariés, ont observé les syndicats: 74% des cadres, employés, techniciens et agents de maîtrise ont voté "oui", mais seulement 39% des ouvriers, alors que les effectifs des deux catégories sont quasiment identiques.
"La direction a créé deux clans dans l'usine, il va falloir trouver une solution pour que les salariés de ce site ne s'entredéchirent pas", a commenté Gilles Hemmerling, président de la CFE-CGC en Lorraine.
Ce résultat n'est que consultatif: la direction doit à présent poursuivre les négociations avec les syndicats, lesquels avaient majoritairement appelés à voter "non".
Avec ce projet proposé vendredi au vote, la direction de cette filiale du groupe allemand Daimler souhaitait "améliorer la compétitivité" de l'usine: Smart France, qui produit chaque année quelque 100.000 véhicules biplaces dans cette usine, veut faire baisser le coût horaire du travail et ainsi "se préparer à des périodes moins fastes" qu'aujourd'hui.
- 39 heures, payées 37 -
Son projet: augmenter la durée du travail à 39 heures hedomadaires dès l'an prochain, mais avec une rémunération calculée seulement sur 37 heures. Les cadres, eux, devraient abandonner des jours de RTT.
Le dispositif est prévu jusqu'en 2020, après quoi l'usine repasserait aux 35 heures.
"Il s'agit de travailler 12% en plus, tout en gagnant 6% de plus", a détaillé le directeur des ressources humaines, Philippe Steyer. Pour faire passer la pilule une prime exceptionnelle de 1.000 euros serait versée en deux fois sur deux ans. Et 50 intérimaires seraient embauchés en CDI entre octobre 2015 et fin 2017.
Sur quatre syndicats, trois sont cependant hostiles au texte proposé.
En passant de 35 à 39 heures, les salariés ne gagneraient que 120 euros brut par mois en plus, soit 5,19 euros net de l'heure supplémentaire travaillée, a calculé la CFDT. "Signer cet accord", c'est "perdre de l'argent" et "aller à l'encontre de la loi" sur les 35 heures, avait martelé le syndicat dans un tract.
La CFDT dénonçait aussi un "chantage à l'emploi", un argument rejeté par la direction pour qui "l'alternative proposée n'est pas un plan social".
- Fillon dénonce le "tabou" des 35 heures -
Cette consultation préparée depuis plusieurs mois survenait alors que, hasard du calendrier, le débat autour des 35 heures s'est invité cette semaine au coeur de l'agenda social.
Le Premier ministre Manuel Valls a dit respecter "le choix des salariés".
"On peut bien évidemment dans le cadre d'un accord aujourd'hui faire évoluer l'organisation du temps de travail", a-t-il également reconnu en marge d'un déplacement à Foix (Ariège).
"Et en même temps je rappelle que le gouvernement ne souhaite en aucun une remise en cause de la durée légale du temps de travail", a-t-il ajouté.
Cette semaine, Manuel Valls a cependant repris à son compte la principale préconisation du rapport Combrexelle qui lui a été remis mercredi : "ouvrir de nouveaux champs" de négociation collective sur quatre "piliers" -conditions et temps de travail, emploi et salaires.
De fait, contrairement à ce que laisse penser le débat récurrent sur les 35 heures, il est déjà possible d'augmenter le temps de travail sans trop faire exploser le coût des heures supplémentaires: si un accord d'entreprise le prévoit, leur surcoût peut être limité à 10%, au lieu de 25%.
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