Syndicats et politiques n'ont pas tardé à réagir, vendredi, à l'annonce d'une réduction de près de moitié des primes versées par Alcatel-Lucent à son ex-patron, Michel Combes, parti diriger l'opérateur Numericable-SFR, estimant qu'il s'agissait d'un "premier pas" mais qu'il fallait également un "nouvel effort".
Après plusieurs jours de polémiques, le groupe franco-américain a décidé de réduire de près de 14 millions d'euros sur trois ans à 7,9 millions les primes qu'il devait verser à son ancien directeur général, qui a quitté l'équipementier en télécoms début septembre.
Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, n'a pas tardé à réagir, considérant que si "50% du chemin a été fait", il restait "certainement encore à ajuster ces sommes" et à consentir à "un nouvel effort".
Du côté des syndicats interrogés par l'AFP, si Hervé Lassale, délégué CFDT, syndicat majoritaire chez Alcatel-Lucent y voit "un premier pas", il estime que "cela reste quand même une somme injustifiée et disproportionnée".
Un avis partagé par la CFE-CGC, deuxième syndicat du groupe, pour qui cela reste "très insuffisant compte tenu du bilan social de M. Combes et de son départ prématuré" chez Numericable-SFR.
Expliquant répondre aux remarques émanant du Haut comité de gouvernance des entreprises (HCGE) saisi par le Medef et l'Association française des entreprises privées (Afep), mais également de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Alcatel-Lucent a expliqué vendredi matin dans un communiqué avoir modifié les conditions de rémunération de M. Combes.
Le HCGE a déclaré vendredi soir "prendre acte des modifications substantielles apportées par le conseil d'administration d'Alcatel-Lucent à la suite de ses recommandations".
"Ces modifications rétablissent la conformité au code Afep-Medef", indique le Comité dans un communiqué.
L'Afep et le Medef ont eux noté dans un communiqué "que Alcatel-Lucent a(vait) tenu compte de l?avis" du HCGE, se félicitant que "que l'auto-régulation mise en place dans le cadre du code Afep-Medef fonctionne avec efficacité et performance".
Désormais, l'ex-directeur général du groupe percevra au maximum 4,8 millions d'euros correspondant à sa "rémunération variable pluriannuelle", et ce dans le cas unique de la "réussite de l'opération de rapprochement avec Nokia", a détaillé l'équipementier en télécoms dans un communiqué.
Cette rémunération inclut les stock-options prévues dans son contrat, pour un montant maximum ramené à 184.000 euros, a-t-on précisé à l'AFP chez Alcatel-Lucent.
Par ailleurs, M. Combes recevra 3,1 millions d'euros au titre de sa clause de non concurrence, un montant revu à la baisse, "dans la moyenne de ce qui se pratique en France", précise le groupe, et pour une durée portée désormais à 40 mois, au lieu de 36 initialement.
Mais la pertinence de cette clause avait été remise en question par le cabinet spécialisé dans la gouvernance d'entreprises Proxinvest qui estimait qu'il y avait "eu modification des conditions qu'on met à la charge des actionnaires", le poussant, entre autres raisons à saisir l'AMF le 1er septembre.
Le régulateur boursier avait par ailleurs annoncé vouloir examiner de possibles "irrégularités", en particulier concernant des informations données à la presse ces derniers mois sur la rémunération de M. Combes, et quant à la clause de non-concurrence.
- Nouvelle polémique en vue ? -
Les énormes primes de M. Combes avaient suscité de vives réactions autant du monde politique que de celui des affaires, le Medef estimant alors, par la voix de son vice-président, Thibault Lanxade, que les sommes annoncées étaient "d'autant plus choquantes que les résultats n'étaient pas au rendez-vous" pour le groupe franco-américain.
Réagissant vendredi sur Europe 1 à la baisse annoncée par le groupe, M. Lanxade a estimé que "le conseil d'administration finalement se conforme au code Afep-Medef () et c'est ça le plus important".
En recevant le nouveau PDG d'Alcatel-Lucent, Philippe Camus, en plein coeur de la polémique, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, avait quant à lui fait part de son "mécontentement" sur le départ jugé "prématuré" de M. Combes.
Une situation qui avait également été vivement dénoncée par les syndicats du groupe, alors que M. Combes avait mis en oeuvre une lourde restructuration.
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