Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve réunit samedi à Paris quelque 600 représentants de villes disposées à accueillir des réfugiés, pour organiser la solidarité suscitée ces derniers jours par les drames en Méditerranée et en Europe.
"Les représentants de 600 villes se sont inscrits à cette réunion", a-t-on annoncé vendredi au ministère de l'Intérieur, où l'on se félicite de cette mobilisation "largement au-dessus de ce que l'on attendait".
La réunion, qui se veut à la fois pédagogique et concrète, devrait permettre de connaître les besoins en termes d'hébergement et l'effort financier global consenti par le gouvernement. Mais aucun plan détaillé ni recensement des places proposées ne sera communiqué, selon le ministère.
Il s'agit avant tout de "créer une dynamique". La réunion doit être "le point de départ de plusieurs mois voire d'années de travail sur le dispositif d'hébergement des réfugiés", ajoute-t-on de même source.
"Puis-je choisir de n'accueillir que des Syriens?", "une famille de ma commune se propose d'accueillir une famille: est-ce possible?" Les élus recevront un petit livret pédagogique sur leur rôle.
Des maires de communes de toutes tailles et de toutes les couleurs politiques -- à l'exception du Front national "qui n'a pas souhaité participer" -- seront représentés, ainsi que les préfets de région, ceux des départements d'Ile-de-France, ainsi que les associations d'élus intervenant dans l'accompagnement. Au total, un millier de personnes devraient se retrouver à la Maison de la Chimie.
La réunion, convoquée après la diffusion de la photo du petit Aylan retrouvé noyé sur une plage de Turquie, intervient dans la foulée de l'annonce, par François Hollande, que la France était prête à accueillir 24.000 réfugiés supplémentaires sur deux ans dans le cadre d'un processus européen -- qui doit encore être entériné.
- Certains maires 'hésitent' -
Et la crise des réfugiés risque de maintenir les flux à un niveau élevé: pour ce seul week-end, l'Allemagne s'attend à voir arriver 40.000 personnes sur son sol. Dans le cadre d'un accueil d'urgence pour soulager l'Allemagne, un millier de réfugiés syriens ou irakiens doivent venir en France depuis Munich, dont les premiers sont arrivés cette semaine, hébergés en région parisienne dans des villes comme Cergy-Pontoise (Val-d'Oise) ou Bonnelles (Yvelines).
Après un discours de Bernard Cazeneuve et une intervention de la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, des explications pratiques seront données aux édiles par les principaux intervenants dans le domaine des réfugiés, et des témoignages d'élus sur leur expérience, notamment à Pouilly-en-Auxois (Côte-d'Or) qui a accueilli une quarantaine d'Érythréens en début d'année.
Des stands tenus par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, l'Office français de l'immigration et de l'intégration et des associations permettront également de répondre aux interrogations.
En effet si certains élus arrivent avec une offre concrète, d'autres "hésitent, consultent, avant de prendre position", explique-t-on place Beauvau.
La question financière notamment inquiète. "Il n'est absolument pas question que l'État se défausse sur les communes, il prendra toutes ses responsabilités", a-t-on assuré, en réponse aux critiques soulevées notamment par le président de l'Association des maires de France François Baroin, qui assistera à la réunion.
Le gouvernement a recensé "deux types de besoin": des hébergements en centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada) et "des bâtiments pour réfugiés visant un hébergement pérenne".
En effet le système d'asile est saturé, avec un nombre de places d'hébergement en Cada très insuffisant: 25.000 fin 2014, alors que la France compte déjà 65.000 demandeurs d'asile. Bernard Cazeneuve a annoncé mi-juin 4.000 places d'hébergement supplémentaires pour les demandeurs d'asile d'ici courant 2016, qui s'ajouteront aux 4.200 déjà promises pour la fin 2015 dans le cadre de la réforme de l'asile.
Les demandeurs d'asile déjà sur place "pourront bénéficier de ce plan", assure-t-on place Beauvau.
La réunion devrait aussi permettre de réfléchir au dispositif d'hébergement pour les personnes ayant obtenu le statut de réfugié -- un processus rapide pour les Syriens notamment, mais qui pose la question de l'après-Cada.
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