Des centaines de milliers d'indépendantistes catalans sont attendus vendredi à Barcelone pour soutenir les listes prônant la sécession de la Catalogne aux régionales du 27 septembre, au grand dam du gouvernement de Mariano Rajoy.
"In inde independencia!", ont crié en catalan à Barcelone des milliers d'hommes et de femmes de tous âges, parmi les 485.000 Catalans inscrits pour tenir une place dans la manifestation, pour marquer le début de la campagne, dans la nuit de jeudi à vendredi.
"C'est la campagne de notre vie, le vote de notre vie", a insisté la tête de liste de "Junts pel si" (Ensemble pour le oui), Raul Romeva, un ex-député européen écolo-communiste, lors d'un meeting.
Une interminable chaîne humaine envahira vendredi en fin d'après-midi une artère du nord de Barcelone, pour la "Diada", la "journée nationale de la Catalogne", ayant rassemblé plus d'un million de personnes en 2012.
Cette année, la manifestation est entièrement politisée.
Elle doit exprimer "la volonté sans équivoque d'obtenir un parlement catalan à majorité indépendantiste", résume Jordi Sanchez, président d'une des associations qui l'organisent, l'Assemblée nationale catalane (ANC).
Le président du gouvernement de la Catalogne, l'indépendantiste Artur Mas (conservateur), a solennellement appelé jeudi soir les 5,5 millions d'électeurs catalans à décider le 27 septembre de "l'avenir politique" de leur "nation".
"Notre force est dans les urnes, elle n'est pas ailleurs", a-t-il lancé aussi devant une foule de séparatistes convaincus.
Pour la première fois, Mas et ses colistiers forment une large coalition indépendantiste, alliant le centre droit et des formations très à gauche.
Ils présentent ce scrutin comme un plébiscite, pour ou contre leur projet de conduire la Catalogne vers la sécession en seulement 18 mois.
Depuis 2012, la région n'a eu de cesse de réclamer un référendum, sur le modèle des consultations sur la souveraineté du Québec (1980, 1995) et de l'Ecosse (2014) qui se soldèrent d'ailleurs par la victoires du "non".
Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy (conservateur), a répondu qu'il n'accepterait jamais un tel référendum régional, faisant valoir qu'il revenait aux Espagnols, tous ensemble, de se prononcer sur l'unité du pays.
Après l'avoir ignoré ou minimisé, le Parti populaire (PP) qu'il dirige prend très au sérieux ce scrutin qu'il juge "historique".
La Catalogne n'a pas reçu, depuis longtemps, autant de visites de ministres et de responsables politiques, portant la bonne parole dans cette région représentant 19% du PIB de l'Espagne et responsable de 25% des exportations, au coeur de la Méditerranée.
Le débat inquiète aussi à l'étranger: en Europe, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron ont récemment marqué leur soutien au gouvernement espagnol, se prononçant pour l'unité. Le second a prévenu: une Catalogne indépendante serait exclue de l'Union européenne. Les marchés aussi sont nerveux, comme en témoigne la hausse de la prime de risque espagnole, au-dessus de l'Italienne.
- 'Fédéralisme' -
Mais les partisans du maintien en Espagne n'arrivent pas à s'unir pour proposer une sortie de crise. Ainsi, jeudi à Barcelone, le ministre des Affaires étrangères Jose Manuel Garcia Margallo a-t-il surpris en se disant favorable à une réforme constitutionnelle avec davantage d'autonomie fiscale. Il a été démenti vendredi matin par son collègue de l'Intérieur Jorge Fernández Díaz. "Ce n'est pas en ligne avec la position officielle du parti" populaire (PP, droite), a-t-il dit à la radio.
Le chef de l'opposition socialiste Pedro Sanchez se prononce régulièrement en faveur du "fédéralisme", tandis que le parti d'extrême gauche Podemos est pour l'autodétermination, même s'il souhaite son maintien en Espagne.
La Catalogne a accumulé les rancoeurs depuis 2008, sur fond de crise économique et d'austérité. Elle n'a pas accepté qu'en 2010, le Tribunal constitutionnel rabote la large autonomie que lui avait accordée le parlement espagnol en 2006.
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