L'heure des explications était venue vendredi entre l'Allemagne, très en pointe sur l'accueil des migrants qui affluent en Europe, et ses voisins de l'Est accusés de bafouer les valeurs de l'UE en rejetant les réfugiés ou en manquant d'humanité à leur égard comme en Hongrie.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, appuyé par son homologue luxembourgeois dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, devait rencontrer à la mi-journée à Prague les chefs de la diplomatie des pays du groupe de Visegrad (Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Hongrie).
Rentrés dans l'Union européenne en 2004 avec l'appui marqué de Berlin, ces pays défient aujourd'hui la chancelière Angela Merkel qui veut imposer une politique "contraignante" de quotas de réfugiés au nom des valeurs fondatrices du projet européen.
Après des hésitations, la France s'est ralliée à sa position et la Commission européenne souhaite répartir dans l'UE 160.000 réfugiés dès la semaine prochaine.
Mais les pays de Visegrad ont donné de la voix pour marquer leur désaccord sur toute politique de quotas.
"Lorsque l'Allemagne ou la France disent quelque chose, nous ne devons pas nous prosterner et répéter la même chose", a ainsi lancé le Premier ministre slovaque Robert Fico. "L'Europe n'a pas le droit de se diviser face à un tel défi", avait assuré la semaine dernière M. Steinmeier, selon qui "les récriminations ne vont pas aider à ce que le problème devienne contrôlable".
- Conditions 'inhumaines' -
La Hongrie, que les flots de migrants en provenance des Balkans doivent traverser pour rejoindre l'Allemagne, est en première ligne. Elle veut bloquer net leur transit à partir du 15 septembre grâce à une double clôture de fils de fer barbelés à la frontière serbe.
Une vidéo filmée clandestinement à l'intérieur du plus grand camp de migrants à cette frontière montrait vendredi les conditions "inhumaines" dans lesquelles la nourriture est distribuée, selon la volontaire autrichienne qui l'a diffusée.
On y voit quelque 150 migrants rassemblés entre des clôtures à l'intérieur d'un hall et se bousculant pour tenter d'attraper des sandwiches que leur lancent des policiers hongrois portant des casques et des masques hygiéniques.
Au coeur d'une autre controverse, une opératrice de télévision hongroise apparue sur une vidéo en train de donner des coups de pied à des migrants venant de franchir la frontière a expliqué avoir "paniqué" et "regretter" son geste. "Je ne suis pas une camerawoman raciste et sans coeur", a-t-elle plaidé.
Budapest a annoncé vendredi porter à 3.800 le nombre de soldats mobilisés pour renforcer cette clôture antimigrants à la frontière serbe, alors qu'un nouveau nombre record d'"entrées illégales" dans le pays avait été enregistré la veille.
Le flux se répercute plus au nord à l'entrée en Autriche: 8.000 migrants ont franchi jeudi le poste-frontière de Nickelsdorf. Vienne a dû suspendre sine die les liaisons ferroviaires avec la Hongrie en raison de la "congestion massive" de son réseau.
En Allemagne, devenue le graal de ces migrants en provenance notamment de Syrie, l'élan de solidarité ne semble pas faiblir.
"Les Allemands sont perçus comme froids et rationnels. Mais ils sont en vérité très sensibles. Ils ne peuvent pas supporter de voir des gens souffrir comme cela", disait un volontaire devant un centre d'accueil à Berlin pour expliquer son engagement.
L'Allemagne a déjà accueilli 450.000 réfugiés en 2015 et prévoit que ce nombre atteigne 800.000 d'ici la fin de l'année, très loin devant tous les autres pays d'Europe.
Hors du continent européen, Barack Obama a souhaité que les Etats-Unis, montrés du doigt pour leur manque de réactivité face à la crise migratoire déclenchée par le conflit en Syrie, se préparent à accueillir 10.000 réfugiés syriens pendant l'année à venir.
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