De retour de Lesbos, où elle a travaillé durant cinq semaines auprès des réfugiés pour Médecins du Monde, une cardiologue de Saône-et-Loire témoigne des souffrances qu'elle a traitées et met en garde contre les "discriminations" entre migrants.
A l'appel de l'ONG, le docteur Brigitte Maître s'est rendu à partir du 3 août sur l'île grecque. Dans le camp de Moria, où sont accueillis "700 à 800" réfugiés non-Syriens, tandis qu'"au moins 2.000 à 3.000" autres vivent autour du centre. Ainsi qu'à Kara Tepe, où sont regroupés les réfugiés syriens.
Au total, 20.000 candidats à l'exil se pressent actuellement sur l'île de Lesbos, selon le Haut-commissariat pour les réfugiés de l'ONU.
Les équipes de Médecins du Monde dispensaient 500 consultations par jour, selon la cardiologue mâconnaise.
Auprès des Syriens, elle a constaté "des blessures de guerre avec des plaies par balle infectées, des éclats d'obus". "Et j'ai vu une famille victime d'arme chimique et je dois attester que j'ai vu des choses que je n'avais jamais vues de ma vie", raconte la sexagénaire, rompue aux missions humanitaires en Afrique et au Proche-Orient.
L'épreuve de la traversée en mer depuis la Turquie laisse de "gros bleus", "des plaies d'arrachage sur les rochers", des "brûlures au premier et deuxième degrés liées au soleil, notamment chez les enfants". "Dans la dernière semaine, il y a eu cinq noyés", ajoute la praticienne.
Arrivés sur les côtes grecques, les réfugiés cherchent à rejoindre l'Allemagne, la Suède, la Belgique, le Danemark ou le Royaume-Uni et "rarement la France", témoigne le Dr Maître.
- 'Théoriquement à égalité de chances' -
"Les Syriens ont leurs papiers en cinq jours maximum. Pour les non-Syriens, c'est jusqu'à 15 jours, voire trois semaines car le gouvernement grec a décidé de rendre prioritaires" les premiers, affirme-t-elle: "Attention à ne pas créer de discriminations parmi tous ces réfugiés."
"Pourquoi est-ce que tout le monde ne veut que des Syriens? Moi, je peux vous le dire car j'ai vécu cinq semaines avec eux: ce sont des gens comme nous, j'ai rencontré des avocats, des médecins, des dentistes, ils sont souvent éduqués, souvent ils ont de l'argent, ils arrivent après un parcours bref, en pleine capacité de leurs moyens", ajoute la volontaire de l'ONG.
Face à eux, la situation des autres réfugiés, comme "les Afghans qui ont déjà subi quatre mois d'humiliations (pour arriver jusque-là, ndlr) et qui sont d'une culture très éloignée de la nôtre", s'aggrave durant leur séjour à Lesbos, selon elle. Il s'y développe des "maladies de la faim" ou des épidémies de gale, et "certains vont repartir encore plus fragilisés en Europe du Nord".
"Ce sont tous des réfugiés et ils sont tous théoriquement à égalité de chances" pour les demandes d'asile, souligne Mme Maître.
Selon elle, l'organisation sur l'île de Lesbos "se passe au mieux" et l'exemple de la ville de Mytilène, où s'est développée une "belle solidarité", "est une preuve que quand on s'organise, ça fonctionne".
Le maire y a mobilisé les services publics, l'hôpital, les ONG, mais aussi les citoyens. "Tous les jours 1.000 repas sont distribués par les Grecs eux-mêmes" autour des deux principaux centres de réfugiés sur l'île, en plus des distributions de vêtements et de matériel d'hygiène, raconte la médecin, pour qui la "grande vague" des migrants ne va pas s'essoufler avant le 15 octobre, les passeurs incitant les candidats à l'exil à prendre la mer avant qu'elle ne soit trop mauvaise.
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