Ils sont trempés jusqu'aux os. Certains portent dans leurs bras des bébés auxquels on a retiré leurs vêtements mouillés pour les envelopper dans des couvertures. Mais cette situation dramatique n'a pas entamé la détermination des réfugiés du Moyen-Orient de parvenir en Europe occidentale.
A Gevgelija, bourgade du sud de la Macédoine, à la frontière avec la Grèce, il pleuvait des cordes depuis plus de 12 heures et encore jeudi matin, des migrants trempés et transis de froid ne cessaient d'affluer.
Dans la nuit, une cinquantaine d'autobus avec environ 2.500 migrants, ainsi que trois trains en transportant 3.000 autres, sont partis de Gevgelija vers la frontière nord avec la Serbie, selon des sources concordantes.
"Les policiers grecs sont partis et les ont laissé passer sans la moindre organisation", explique sous couvert de l'anonymat un policier macédonien. "Mon Dieu, ça ne va pas s'arrêter bientôt", murmure-t-il avant de faire signe à un groupe d'une cinquantaine de migrants de monter dans un bus.
Dans la matinée, des journalistes de l'AFP ont vu une dizaine d'autobus, soit au moins 500 passagers, partant en l'espace d'une vingtaine de minutes. Une quinzaine d'autres bus étaient prêts à acheminer d'autres réfugiés vers la frontière et partaient désormais au rythme d'un autobus toutes les 15 minutes.
La scène se déroule à la sortie d'un pont large de six mètres de long d'une cinquantaine de mètres. D'ici sur les deux kilomètres d'un sentier boueux qui s'étend vers la frontière grecque s'entassent par groupes de cinquante les réfugiés. A mi-chemin, un "centre d'accueil" dressé par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) offre un minimum de soins, de nourriture et d'eau à ces désespérés du sort.
- 'Peu m'importe le pays d'accueil' -
"Je suis Amar de Faloujah", ville irakienne scène de nombreux affrontements depuis la guerre du Golfe, lance un homme d'une trentaine d'années au teint olivâtre, souriant malgré la pluie. "Belgique", s'exclame en montant dans un bus cet ingénieur irakien, pour désigner la destination de son périple de plus de deux semaines.
De la boue sur ses chaussures et son pantalon jusqu'aux genoux, Mouharem, un Syrien, serre dans ses bras sa fillette âgée de deux ans, enveloppée dans un couverture, vraisemblablement offerte par la Croix-Rouge. Foulard mouillé sur la tête, son épouse, Roueïda, tient par la main l'aînée âgée de quatre ans.
"On veut arriver en France", murmure cet homme d'une trentaine d'années, qui affirme avoir été cadre au sein de la compagnie française de grande distribution Carrefour à Damas.
Certains se réjouissent de voir les autobus au point de se mettre à crier "Liberté, Liberté" et à faire le "V" de la victoire. Mais d'autres sont irascibles, et des disputes éclatent ça et là, vite maîtrisées par des compagnons de route.
"J'ai traversé la mer de Turquie en Grèce à bord d'un canot pneumatique surchargé. Je suis sur les routes depuis voici dix jours", raconte Walid, un Syrien de Damas, âgé de 33 ans.
"Peu m'importe le pays d'accueil. Je veux tout simplement être en mesure de faire venir mes deux filles et mon épouse", poursuit dans un anglais impeccable ce comptable de formation, qui dit n'avoir presque rien mangé depuis deux jours.
Comme beaucoup de ses compagnons d'infortune, Walid n'a aucune idée de l'itinéraire à suivre. "C'est quoi la suite ?", interroge-t-il le journaliste de l'AFP, avant d'assurer qu'il ne faisait que "suivre la vague", vers l'Europe occidentale.
"J'ai entendu qu'il y a des problèmes en Hongrie. Est-ce vrai ?", demande-t-il en s'empressant de traduire en arabe les nouvelles.
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