Les dirigeants politiques grecs ont peiné mercredi soir lors d'un premier débat télévisé à donner du souffle à la campagne pour les élections législatives anticipées du 20 septembre, troisième scrutin depuis le début de l'année dans un pays épuisé par cinq ans de crise économique.
L'ex-Premier ministre grec de gauche radicale, Alexis Tsipras, 41 ans, a certes promis de "continuer la lutte" contre l'austérité.
Mais il a dû reconnaître que son gouvernement n'avait pas "tenu une partie de ses engagements" de rupture avec la tutelle des créanciers UE-FMI au cours de la "lutte avec des forces asymétriques" livrée au sein de l'Union européenne pour maintenir le pays surendetté sous perfusion et dans la monnaie commune.
Au coude-à-coude avec M. Tsipras dans les sondages, son rival de droite, Evangélos Meïmarakis, 61 ans, a réitéré son engagement à "obtenir le mieux possible" des créanciers pour améliorer le plan de redressement dicté au pays.
Mais il a fourni peu d'argument pour exonérer son parti de la Nouvelle Démocratie de sa responsabilité dans les décennies de mauvaise gouvernance ayant conduit le pays au bord du gouffre. Contrairement à Syriza, "la Nouvelle Démocratie peut attirer des investissements" pour redresser l'économie, a-t-il plaidé.
Les deux ont qualifié à l'unisson de "douloureux" le troisième plan de sauvetage financier du pays.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'était chargé plus tôt de leur rappeler l'étroitesse de leur marge de man?uvre, alors que le pays devra adopter dès octobre une nouvelle série de mesures d'économie et de réformes s'il veut s'assurer le versement des nouveaux prêts promis de 86 milliards d'euros sur trois ans.
"J'attends (des Grecs) qu'ils tiennent parole et respectent l'accord quel que soit le gouvernement qui gouverne", a affirmé M. Juncker, dans son discours de rentrée devant le Parlement européen.
Dans le cas contraire, "la réaction de l'Eurozone et de toute l'Union Européenne sera différente", a-t-il mis en garde.
- Les réfugiés surgissent dans la campagne -
M. Tsipras a dû aussi parer à gauche, face à son ex-compagnon de route, Panayotis Lafazanis, qui a fait sécession et défendu à nouveau l'option d'un retour à la drachme pour sortir de la crise. Cette scission au sein du parti Syriza a privé M. Tsipras de majorité au parlement, le poussant à démissionner le 20 août dans l'espoir de rasseoir sa légitimité.
Quelques heures avant le débat, le vétéran de gauche Manolis Glezos, icône de la résistance grecque aux nazis, avait infligé un camouflet au jeune dirigeant, en ralliant officiellement l'Unité populaire de M. Lafazanis.
Les quatre autres partis protagonistes d'une scène politique éclatée depuis le début de la crise, en 2010, ont tenu les seconds rôles.
A l'exception notable de Nikos Michaloliakos, le chef de la formation néonazie Aube Dorée, en troisième position dans les sondages, mais qui est persona non grata à la télévision publique, notamment car il répond actuellement d'association de malfaiteurs devant la justice grecque, comme tous les dirigeants de son parti.
Le débat, le premier a être organisé depuis 2009, a surtout tourné à l'enchaînement de monologues.
Le ton n'est un peu monté que sur la réponse à apporter à l'afflux dans le pays de dizaines de milliers de réfugiés et migrants voulant se rendre en Europe occidentale.
M. Meïmarakis a mis en cause "l'imprévoyance" du gouvernement Tsipras, et relevé la nécessité de "garder les frontières". Mais cultivant un profil plus centriste que son prédécesseur, Antonis Samaras, qui avait qualifié les sans-papiers de "tyrans", il s'est gardé de toute raideur.
Accusant la droite de s'être limitée à une politique de "rafles" contre les migrants, M. Tspiras a revendiqué d'avoir contribué à faire bouger l'Europe face à l'exode en cours. Il a mis en garde contre tout "populisme" sur ce dossier, évoquant la "honte" que constitue "la mort d'enfants de trois ans sur les rives de l'Egée".
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